Le présent rapport rend compte de l'enquête sociologique menée dans le cadre du projet de recherche « Paysages d'exception, paysages au quotidien. Une analyse comparative de sites viticoles européens du Patrimoine Mondial » coordonnée par Serge BRIFFAUD (CEPAGE-ENSAP) et Aline BROCHOT (LADYSS), réalisée dans le cadre du programme « Paysage et développement durable » du Ministère de l'écologie et du développement durable (MEDD). Il porte exclusivement sur le site de la Juridiction de Saint-Émilion, un des terrains d'étude avec Cinque-Terre (Italie) et le vignoble du Tokaj (Hongrie). Sur ce site français, notre travail s'est plus particulièrement intéressé aux relations entre les acteurs qui ont présidé à l'inscription ou qui ont été remodelées par la qualification du territoire au rang de patrimoine mondial. Il procède d'une analyse des échanges (réunions, courriers, dossiers) entre acteurs locaux, représentants des services de l'État et experts, en privilégiant une approche interactionniste pour reconstituer, dans toute sa complexité, le processus d'inscription et comprendre la traduction locale d'une politique publique énonçant des normes internationales et des procédures plutôt centralisées. Notre questionnement est le suivant : comment se concrétisent et se redéfinissent localement des procédures et normes internationales, telles que celles portées par la politique du Patrimoine Mondial de l'UNESCO, et quelles en sont les conséquences pour les relations de coopération entre les acteurs locaux ? Cette problématique est d'autant plus cruciale que l'ajustement des normes et procédures internationales à un échelon local est plus délicat et indéterminé qu'il concerne ici un paysage, catégorie d'action publique aux contours variables, et par conséquent propice aux ajustements normatifs et conceptuels résultant des discussions et négociations entre les acteurs locaux, et avec les autorités nationales.