La connaissance des relations entre la qualité biologique et la qualité physico-chimique d'un cours d'eau est le plus souvent abordée via des approches pression/impact. Pourtant, une étude approfondie de la phase de levée des pressions devrait permettre de 1) compléter ces connaissances et 2) mieux comprendre les phénomènes susceptibles de limiter la capacité des écosystèmes à retrouver un état écologique satisfaisant en réponse à l'arrêt des pressions. De plus, alors que cette phase de levée des pressions est souvent peu étudiée, elle pourrait être porteuse d'enseignements précieux pour les gestionnaires notamment dans la compréhension de la dynamique de restauration des cours d'eau. Le Vistre est un cours d'eau côtier qui prend sa source au Nord-Est de Nîmes et qui est fortement dégradé par les rejets domestiques de l'agglomération en provenance d'une station d'épuration (STEP) sous dimensionnée. Des travaux de mises aux normes et d'extension de cette STEP ont conduit, en 2008, à l'installation d'une nouvelle station d'épuration et au déplacement du point de rejet d'environ 1 km en aval de l'exutoire de l'ancienne STEP. Le déplacement du point de rejet et le fait que cette nouvelle STEP (prévue pour traiter l'azote le phosphore et le carbone) devrait rejeter dans le milieu des effluents dont la qualité chimique sera parfois meilleure que celle des eaux du Vistre lui-même (sur ces trois paramètres), rend particulièrement favorable l'étude de la dynamique de restauration de la qualité écologique de ce secteur, suite à la réduction des pressions chimiques. L'objectif de cette étude est d'évaluer le gain apporté à l'écosystème après l'arrêt du fonctionnement de l'ancienne STEP en étudiant l'évolution de la qualité biologique et physico-chimique de ce tronçon du Vistre et en identifiant quels paramètres biologiques pourraient être pertinents pour traduire l'amélioration du milieu d'un point de vue qualitatif mais aussi quantitatif. Il s'agit plus précisément 1) de caractériser l'évolution des communautés d'invertébrés d'un point de vue taxonomique et fonctionnel et 2) d'identifier les variables taxonomiques et les traits biologiques et/ou écologiques significativement modifiés au cours de la dynamique de restauration du tronçon étudié. Pour cela, un suivi spatio-temporel des communautés d'invertébrés a été réalisé sur 3 sites le long de ce secteur : à l'amont de l'ancien rejet, à l'aval de l'ancien rejet et à l'aval du nouveau rejet en septembre 2007 et en septembre 2008 (respectivement 8 mois avant et 3 mois après l'arrêt de l'ancienne STEP). Les communautés d'invertébrés ont été échantillonnés selon le plan d'échantillonnage du protocole RCS (Circulaire du 11 avril 2007). La charge en nutriments étant un des principaux aspects de la dégradation du Vistre, la caractérisation chimique de ces 3 sites a essentiellement reposé sur des indicateurs généraux de l'état trophique du système tous les 3 mois à partir de septembre 2007. Les premiers résultats nous montrent que la qualité physico-chimique du secteur étudié s'est considérablement et rapidement améliorée suite à l'arrêt de l'ancienne STEP. D'un point de vue faunistique, alors que la note IBGN observée à l'aval des rejets de la l'ancienne STEP avant l'arrêt de son fonctionnement traduisait une qualité écologique mauvaise du milieu, seulement 4 mois après l'arrêt des rejets, cette note reflète une bonne qualité. Nous avons par ailleurs pu mettre en évidence les caractéristiques taxonomiques et fonctionnelles des assemblages faunistiques aux 3 stations suivies. Si certaines variables sont représentatives du gradient longitudinal naturel, certaines représentent clairement l'illustration de la réponse des communautés au changement de l'intensité des pressions chimiques sur le milieu. De plus l'utilisation des traits écologique s'avère particulièrement pertinente pour traduire l'impact hydraulique que peuvent avoir les rejets de STEP dans ce contexte mediterranéen.