L'aire de répartition de l'esturgeon européen est en diminution drastique depuis le début du 20è siècle. L'espèce, qui n'est plus représentée actuellement que par une très faible population d'origine girondine est classée en danger critique d'extinction selon les critères de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Un programme d'action pour la conservation et la restauration de l'esturgeon européen a été approuvé à l'automne 2007 par les membres de la Convention de Berne. Malgré une protection intégrale intervenue en 1982 en France et 1988 en Europe, la situation de l'espèce n'a cessé de se dégrader. La dernière reproduction en milieu naturel a été observée en 1994 dans le bassin de la Gironde-Dordogne-Garonne. Dans ce contexte, le Cemagref a développé depuis les années 1980 différents travaux visant à acquérir des connaissances sur l'écologie de l'espèce et à mettre au point des méthodes de suivi et de reproduction assistée à partir de captures accidentelles de géniteurs sauvages, pour soutenir la population naturelle. Un premier succès a été obtenu en 1995 permettant le lâcher de 9 000 alevins dans le bassin de la Gironde. La rareté des retours de géniteurs sauvages a conduit le Cemagref, dès les années 1990, à constituer un stock ex-situ de juvéniles destinés à devenir des géniteurs afin de conserver l'espèce et pouvoir conduire des reproductions régulières, pour soutenir la population naturelle. Après plus de 15 ans de patience des reproductions régulières sont intervenues depuis 2007, et en 3 ans environ 135 000 juvéniles ont été relâchés au niveau des sites les plus avals des frayères historiques de la Garonne et de la Dordogne. Depuis 2008, des suivis télémétriques d'esturgeons marqués et des échantillonnages scientifiques ont été conduits afin de connaître les patrons comportementaux de dévalaison des juvéniles et d'estimer l'efficacité des lâchers.