L'eau est apparue depuis ces dernières décennies une ressource à préserver et pas seulement à gérer- dans des territoires qui a priori en sont bien dotés, que ce soit en quantité ou en qualité. C'est le cas des Pertuis charentais, sur le littoral atlantique français, en aval du bassin versant de la Charente et de la Seudre où deux conflits majeurs ont exigé l'intervention de l'autorité préfectorale : l'interpellation des agriculteurs par les ostréiculteurs qui attribuaient la mortalité de leurs huîtres à l'intensification de l'agriculture (protocole « ostréiculture-agriculture » signé 1989) puis l'interpellation des mêmes acteurs par les associations de protection de la nature qui voient le caractère humide des marais se restreindre (protocole « agriculture-environnement », signé en 1991). Aujourd'hui, les problèmes sont plus diversifiés, qui toujours témoignent d'une interdépendance entre les usages, et leur énonciation assigne encore la responsabilité à certains acteurs. En cela, l'identification des enjeux tels que formulés par les acteurs présents sur le territoire est intéressante. Pour cette identification nous avons exploité un corpus de 22 entretiens réalisés en 2008 (Porro, 2008). Au-delà, notre analyse s'attachera à comprendre pourquoi certains de ces enjeux sont publicisés (au sens d'Habermas, 1978), c'est-à-dire qu'ils sont discutés dans un espace notamment accessible aux médias et permettent aux acteurs concernés de redéfinir leurs relations et leurs identités d'usagers. D'autres par contre ne le sont pas.