Une des thématiques abordées dans le cadre du PIREN Seine est d'étudier la structure des peuplements de poissons dans les cours d'eau en liaison avec l'arrangement spatial des habitats et leur accessibilité par les poissons. Pour cette étude, des approches expérimentales sont mises en ½uvre dans des petits bassins versants: la Mauldre (78), l'Yvette (78) et l'Orgeval (Grand Morin, 77). Pour connaître les modes d'occupation des habitats par les poissons, une approche originale consiste à utiliser les analyses d'isotopes stables, en particulier les isotopes du carbone et de l'azote. Cette méthode repose sur la capacité des tissus des poissons à enregistrer les teneurs en isotopes de leurs ressources alimentaires, dont les sources de variation sont à la fois naturelles et anthropiques. Ainsi, sous réserve que les poissons utilisent successivement des habitats qui diffèrent selon leurs signatures isotopiques, il est possible de connaître l'origine et les déplacements des poissons au sein de ces habitats. Un préalable est donc d'identifier les contrastes de teneurs isotopiques des ressources alimentaires dans les différents cours d'eau des bassins versants considérés. Des échantillons des différents compartiments trophiques (litière, biofilm, invertébrés) ainsi que d'espèces de poissons faiblement mobiles ont été collectés en juin-juillet 2007, puis analysés, pour connaître leurs teneurs en isotopes stables du carbone et de l'azote et caractériser ainsi les ressources alimentaires locales. Ainsi, près de 450 échantillons provenant de 22 stations réparties sur les 3 bassins versants ont été analysés. Les résultats préliminaires de ces analyses indiquent une variabilité inter-bassins des teneurs en isotopes stables des compartiments trophiques, qui pourrait être liée à la nature de l'occupation du bassin versant (rural vs urbain). Par ailleurs, au sein de chacun des bassins versants, en particulier ceux de la Mauldre et de l'Orgeval, il existe des contrastes isotopiques entre sites qui reflètent la nature des activités qui s'y exercent à proximité (activité agricole, forêt, zone habitée). Ces premiers tests permettent d'envisager d'utiliser cette méthode pour étudier les déplacements des espèces de poissons plus mobiles dans les réseaux.