Dès la diffusion de l'avant projet de Parc national dans les calanques, la chasse terrestre et la chasse sous marine ont suscité des tensions (assez classiques) entre échelles locale, nationale, voire européenne à propos des normes régissant ces activités récréatives. Par exemple, l'avis rendu par le Conseil National de la Protection de la Nature défavorable au maintien de la chasse à la glu remet en cause l'engagement politique local en faveur de la chasse. Mais depuis la loi de 2006, le patrimoine naturel n'est plus le seul pris en compte dans les Parcs nationaux. Leurs missions se déplacent de la protection des Hauts lieux de la nature vers celles de la préservation des « patrimoines naturels, culturels, et paysagers » (Larrère et al., 2009). La loi de 2006 en mettant sur le même plan la protection des patrimoines naturels, culturels et paysagers semble ouvrir un espace d'expression pour des légitimités plurielles voire opposées. La concertation, rendue obligatoire par la même loi, apparaît plutôt comme un lieu d'écologisation de la chasse terrestre et sous marine, portée par les experts cynégétiques et naturalistes et à laquelle adhèrent certains représentants d'usagers. Les controverses relatives à la chasse à la glu, qui seront plus particulièrement développées, constituent néanmoins une exception remarquable puisque les experts cynégétiques la réhabilitent au nom du « patrimoine culturel ». Nous montrerons que cette tension entre « patrimoine naturel » et « patrimoine culturel », également présente hors des lieux de la concertation, va peu à peu rendre plus incertain le rejet de la chasse à la glu, et surtout redessiner les coalitions d'acteurs, à tel point que les représentants des chasseurs, déçus de la concertation, ont rejoint un collectif d'opposants à l'actuel projet de Parc national, collectif qui réclame une plus grande prise en compte de leurs usages au nom du « patrimoine culturel ».