Floritisic diversity in hybrid poplar plantations from the Champagne-Ardenne region
Biodiversité floristique dans les peupleraies cultivées de Champagne-Ardenne
Abstract
This article essentially presents findings in the area of floristic biodiversity associated with poplar plantations in the large valleys of the Champagne area as compared to those in meadows and sub-natural forests. In addition to the current use of the soil, this study considers various factors of variation for poplar stands such as age, the presence of an understory and cropping history. The strongest effects relate to the age of the poplar stand and the presence or absence of an understory. The poplar stands of Champagne-Ardenne show significant floristic biodiversity due to their rapid dynamics (‘nested’ succession) and the divergences of plant communities depending on whether or not an understory is present. Poplar stands that have an understory are more favourable to forest communities, while poplars stands with no understory are more favourable to the flora typical of magnophorba.
La populiculture classique, pratiquée sur notre zone d'étude, avec des entretiens réguliers, présente généralement une richesse spécifique végétale élevée, notamment en début de cycle. Dans les peupleraies jeunes cohabitent des espèces de milieux ouverts et des espèces forestières. Un des résultats les plus nets concerne les espèces de mégaphorbiaie (indicatrices des habitats du même nom intégrés au réseau Natura 2000) qui semblent favorisées par le couvert relativement faible, la fréquence des entretiens et les rotations courtes des peupleraies. S'agissant d'une succession emboîtée, le renouvellement des peupleraies ne semble pas faire baisser la biodiversité végétale, puisque l'ensemble du cortège réapparaît lors de la replantation. Le développement d'un sous-étage dans la peupleraie, s'il ne modifie pas la richesse spécifique totale, change la composition du cortège floristique et rapproche la peupleraie des forêts récentes. D'autres compartiments de la biodiversité peuvent profiter également de ce sous-étage, comme c'est le cas pour les oiseaux (Archaux et Martin, 2009), pour lesquels l'abondance augmente même si la richesse spécifique n'est pas modifiée. En revanche, cela n'est pas vérifié pour les Carabidae (Elek et al., 2010). Les résultats exposés dans le présent article ont contribué, suite à la constitution d'un groupe de travail, à la proposition de deux itinéraires techniques en peupleraie : un favorisant la flore de mégaphorbiaie liée à l'ouverture de la peupleraie, l'autre favorisant la flore forestière liée à la présence d'un sous-étage. Les conséquences de ces itinéraires techniques alternatifs sur la rentabilité de la populiculture ont pu être chiffrées. Il s'avère que des modifications de pratiques entraînant un ralentissement de la croissance des peupliers, même faible, ont des répercussions importantes sur le revenu des populiculteurs. Des fiches de vulgarisation, prochainement éditées par le CRPF (à paraître en 2011), ainsi que le guide des stations des milieux alluviaux (Carnnot-Milard et Gaudin, 2010) intègrent nos résultats et exposent ces itinéraires techniques. Ainsi, contrairement à une idée reçue, les peupleraies de Champagne-Ardenne hébergent une biodiversité floristique conséquente en raison de la dynamique rapide de la peupleraie et de la divergence des communautés végétales suivant la présence ou non d'un sous-étage. Pour les autres taxons étudiés dans le projet (oiseaux et insectes carabiques, résultats non présentés ici), la situation est différente car même si les peupleraies présentent une certaine originalité par leur degré d'ouverture et leur cycle rapide, les stades matures de la forêt classique manqueront toujours inévitablement. Les peupleraies pourraient cependant contribuer à la connectivité des massifs forestiers, notamment entre les forêts anciennes résiduelles. Notre étude a porté essentiellement sur la flore ordinaire. Nous avons tenté, sans succès, d'intégrer la richesse en espèces patrimoniales. En effet, les faibles occurrences des espèces protégées ou de la liste rouge régionale n'ont permis d'obtenir que très peu de résultats significatifs. Par ailleurs, il nous a semblé percevoir une flore plus liée à des sols plus eutrophisés sous peupleraie que pour les autres usages, ce qui pourrait être interprété comme une banalisation. La patrimonialité et la banalisation de la flore, avec des indices adaptés, font l'objet d'une analyse complémentaire en cours dont les premiers résultats sont prometteurs.