Bien que l’accès en forêt demeure majoritairement gratuit en France, nous avons vu que sa légitimation empruntait de plus en plus au registre de l’économie. Aujourd’hui, cette tendance s’exprime, entre autres, via la reconnaissance d’une valeur économique associée à cet usage, synonyme de bénéfices générés par l’ouverture au public, si possible exprimés de façon monétaire. En forêt privée, cette gratuité est souvent perçue comme un frein aux initiatives individuelles, dans un contexte économique qui ne permettrait plus aux propriétaires de supporter (financièrement s’entend), seuls, ce rôle88. En forêt publique, nombre de gestionnaires voient également un intérêt certain à pouvoir mettre un bénéfice chiffré en face des dépenses engagées. Quoi qu’il en soit, les discours restent en général assez approximatifs, certainement parce qu’on ne cerne pas toujours très bien les contours de cette idée. En effet, comment traduire sur un plan économique, une action dont les effets échappent pour une large part aux marchés ? En d’autres termes, comment donner du corps à un phénomène dont on perçoit bien qu’il traverse les sociétés mais ne donne lieu à aucun flux financier89 ? Nous allons voir que la notion de valeur économique est mobilisable pour des activités gratuites et non productives, telles que les loisirs. Elle suppose toutefois de faire un lien entre utilité et demande, en s’appuyant sur un jeu d’hypothèses bien précises, tout en intégrant les spécificités des services récréatifs. Dans ce chapitre, nous revenons sur ces multiples aspects, en commençant par rappeler les principaux fondements de la valeur économique des services récréatifs. Nous envisagerons les enjeux soulevés par la prise en compte de la qualité, paramètre quasiment incontournable de l’analyse, qui induit un renouvellement significatif des concepts et des méthodes90. Nous présenterons enfin une série.