Pour « agir dans un monde incertain », le modèle du forum hybride (Callon et al., 2001) met l’accent sur les bienfaits de l’ « exploration du monde des possibles et du collectif ». Une telle préoccupation est souvent exprimée en termes d’exigence d’ouverture, leitmotiv des dispositifs participatifs dont les analystes font souvent un constat d’échec. Sous quelles conditions des personnes peuvent-elles s’engager dans l’exploration de nouvelles solutions, accueillir l’altérité ou laisser advenir la nouveauté ? En développant une perspective pragmatique, nous mobilisons la théorie des régimes d’engagements (Thévenot 2006) et en particulier le régime exploratoire (Auray 2010) pour discuter des difficultés et des conditions d’ouverture et de créativité dans les dispositifs participatifs. Nous déployons ce cadre sur le cas du bassin de Thau dans l’Hérault. Nous nous sommes attachés à suivre des moments participatifs (dont un débat public, l’expérimentation d’un outil Internet et la mise en ½uvre d’une démarche prospective) afin de comprendre les conditions d’un engagement exploratoire et d’analyser ce que cela produit ou change dans la gestion de l’eau et dans la prise en charge des incertitudes sur la disponibilité de la ressource en eau. Cette critique interne de dispositifs participatifs soulève l’enjeu politique d’un accueil du participant en tant qu’être curieux.