Quelque soit le modèle de production agricole dominant la ressource foncière est une ressource stratégique : elle est rare non renouvelable, non substituable, difficilement excluable, composite. Dès lors, l’usage d’une ressource foncière ainsi que sa gestion posent donc des questions économiques fortes qui aujourd’hui se déclinent en termes de durabilité des économies agricoles : comment transmettre des outils fonciers viables aux repreneurs et maintenir une activité agricole compétitive ? Comment maintenir un niveau de profitabilité suffisant et préserver les ressources environnementales disponibles sur les surfaces foncières des exploitations ? Comment conserver l’identité d’une production ancrée spatialement qui s’adapte aux mutations de la demande ? Ces interrogations sont révélatrices des logiques patrimoniales sous jacentes aux questions foncières car il s’agit de regarder à la fois vers le passé et vers le futur et d’arbitrer entre préservation et exploitation, entre rupture et continuité. L’objectif de l’article est donc de développer une lecture patrimoniale des enjeux fonciers qui contribue à mieux saisir les conditions de maintien de modèles agricoles dans leur diversité. Considérant la complexité des relations entre l’activité agricole, l’espace et le temps, l’enjeu est de développer un cadre d’analyse du foncier agricole permettant de saisir la diversité des logiques d’usages et de préservation qui sont souvent porteuses de divergences d’intérêts mais aussi les compromis patrimoniaux qui se construisent pour dépasser ces divergences et conditionnent le développement des activités économiques.