Producing fair environmental inequalities?
Produire des inégalités environnementales justes ?
Résumé
Environmental quality, gradually instituted as a collective good, is nowadays a legitimate aim of public action, but also a factor of discrimination within populations. The analysis of these discriminations, namely that of environmental inequalities, is the subject to recent studies intended to objectify them and to understand better the processes which produce them. In this line, the article deals with a specific and little studied form of inequality - the environmental effort - by comparing the effects of two public policies: the creation of the National park of Creeks and the contracts of special agro-environmental measures in Dordogne. It shows that the effort is unevenly allocated and amplifies the existing environmental or professional inequalities. The adopted qualitative approach reveals the influence of the dialogue as well as the influence of the financial compensation in the production of such inequalities. This approach provides the opportunity to contribute to a specific controversy to the environmental inequalities: does the monetary compensation make the inequalities fairer? It questions more broadly the equity of the environmental public policies. Even though the institutional stakeholders, involved in the implementation of the studied public policies, justify by the principle of merit the unequal contribution of the different groups involved, the analysis shows that the application of this principle is based on "institutionalized patterns of low esteem" (Fraser, 2005 [ed 2011]) which disadvantage the most dominated groups.
La qualité de l’environnement, progressivement instituée en bien collectif, est devenue aujourd’hui un objet d’action publique légitime, mais aussi un élément de discrimination au sein des populations. L’analyse de ces discriminations, appelées inégalités environnementales, est au coeur d’études récentes destinées à les objectiver et à mieux comprendre les processus qui les produisent. Dans cette lignée, l’article appréhende une forme spécifique d’inégalité peu étudiée à ce jour - l’effort environnemental - en comparant les effets de deux dispositifs d’intervention publique : la création du Parc national des Calanques et la contractualisation de mesures agro-environnementales en Dordogne. Il montre que l’effort est inégalement réparti et qu’il amplifie les inégalités environnementales ou professionnelles existantes. La démarche qualitative adoptée révèle l’influence de la concertation ainsi que celle de la compensation financière dans la production de telles inégalités. Cette approche permet de contribuer à une controverse spécifique aux inégalités environnementales - la compensation rend-elle les inégalités justes ? - et interroge plus largement l’équité des politiques publiques environnementales. Si les acteurs institutionnels impliqués dans la mise en ½uvre des dispositifs étudiés justifient par le principe du mérite la contribution inégale des différents groupes concernés, l’analyse révèle que l’application de ce principe repose sur des « modèles de mésestime institutionnalisés » (Fraser, 2005 [ed 2011]) propres à désavantager les plus dominés.