Dans le contexte actuel d' « écologisation de la pensée » (Kalaora 2001), la portée cognitive et normative de l’écologie est considérablement renforcée. Selon une approche sociologique « pragmatiste », cet article traite de l’articulation entre l’écologisation - envisagée comme recadrage cognitif et normatif - avec des loisirs de nature largement « sportivisés » (kayak, chasse sous-marine, chasses). Les terrains d’étude sont deux terrains littoraux français (le bassin d’Arcachon et les Calanques de Marseille). Les liens entre sportivisation et écologisation apparaissent éminemment ambigus. Nos matériaux permettent bien de repérer des « troubles » environnementaux chez certains usagers, au sens où l’entendent les auteurs pragmatistes. Mais quelle que soit l’activité, ceux-ci sont toujours minoritaires par rapport à leur communauté de pratique, et ce malaise ne conduit pas de manière systématique à une « enquête » collective. Ils conduisent le plus souvent à une écologisation « pour soi ». Plus rarement, l’écologisation peut être « militante », c’est-à-dire portée par un acteur ou une poignée d’individus à l’instar d’entrepreneurs de cause, sensibilisant leurs pairs, enquêtent et militent pour faire figurer les préoccupations écologiques parmi les « motifs » des adeptes de loisirs de nature. Les usagers qui résistent à des normes écologiques perçues comme extérieures à leur espace de jeu ne s’opposent pas seulement à un règlement ou à une norme particulière, ils défendent également un espace-temps qu’ils imaginent libératoire et inversé par rapport à celui de leur quotidien. Pour comprendre les différentes trajectoires possibles, il apparaît nécessaire de repérer les acteurs et les réseaux porteurs du cadre cognitif et normatif écologique en tenant compte des normes en vigueur dans ces communautés de pratiques, qui peuvent lui être opposées.