D’après les prédictions, l’élévation du niveau de la mer résultant du changement climatique va générer une submersion permanente de certaines terres basses et l’accroissement des dommages causés par les tempêtes. Les politiques d’adaptation au changement climatique mettent l’accent sur le besoin d’anticipation pour réduire les dommages et favoriser les processus de résilience. Ainsi, la relocalisation des constructions et des infrastructures en front de mer sont prônées par les scientifiques et les gestionnaires (MEDDE, 2012). Il s’agit de réduire la vulnérabilité des enjeux afin d’éviter les dommages futurs, de protéger la biodiversité et de maintenir les plages. Malgré leurs effets positifs, ces relocalisations se heurtent toutefois à d’importantes oppositions. L’attachement au logement et à la proximité de la mer expliquent la contestation des habitants, tandis que les élus des territoires littoraux sont réticents du fait de l’importance des recompositions territoriales et des besoins de financement nécessaires. Il s’agit aussi de faire évoluer les dispositifs de gouvernance, notamment les routines institutionnelles (Lundqvist et Biel, 2008 ; Mor, 2011) qui conduisent à administrer sur un mode réactif plutôt qu’à anticiper ou planifier (Droege, 2006). Plusieurs auteurs montrent l’importance de la concertation et de la légitimité de l’institution porteuse (Kelly et Adger, 2000 ; Myatt et al., 2003 ; Ledoux et al., 2005 ; Cooper et Pile, 2013 ; King et al., 2014). Afin de confirmer cette hypothèse, nous avons évalué les consentements-à-payer des résidents pour différentes modalités de mise en ½uvre de ces relocalisations. Quatre attributs ont été utilisés : le coût, la période et la modularité, mais aussi le recours éventuel à la concertation et le thème à privilégier. L’objectif est de vérifier et de mesurer l’importance accordée à la concertation et en quoi celle-ci peut favoriser l’acceptabilité de tels aménagements. A partir de ces résultats, nous discuterons l’importance de la concertation pour les politiques de relocalisation et, plus généralement, l’intérêt de ce type d’approche pour évaluer sa plus-value dans les dispositifs de gouvernance territoriale.