Effects of woody elements on wild bees in agricultural landscapes. Investigations on rape-forest and orchard-forest edges (chapter 9)
Chapitre 9. Effets des éléments boisés sur les abeilles sauvages dans différents paysages agricoles. Étude des lisières forêt-colza et forêt-verger
Résumé
Le colza est une culture entomophile où l’autopollinisation est importante mais où les pollinisateurs sont nécessaires pour des rendements optimaux. Les pommiers sont eux considérés comme auto-incompatibles et l’intervention d’un agent vecteur, les abeilles, est essentielle. Plusieurs études ont montré que le service de pollinisation est plus efficace dans les cultures à proximité de patchs forestiers ou d’autres habitats semi-naturels que dans les cultures complètement entourées d’autres cultures. Ici nous nous intéressons spécifiquement aux apports des lisières forestières en pollinisateurs aux deux cultures étudiées. Sur le colza nous avons exploré un gradient important de distance à la lisière forestière dans la culture. Un total de 4000 individus représentant 82 espèces (ou genres) a été collecté à l’aide de pièges jaunes. Nous avons trouvé qu’à la fois l’abondance totale des abeilles et la richesse spécifique étaient négativement affectées par la distance à la lisière forestière. Cependant, les réponses différaient entre les espèces, les sexes et certaines modalités de traits d’histoire de vie. Sur les vergers nous avons comparé l’apport en pollinisateurs à la culture de la lisière forestière et d’une autre lisière non-forestière. Un total de 3662 individus représentant 72 espèces (ou genres) a été collecté à l’aide de pièges colorés (jaune, blanc, bleu). En accord avec ce que nous avions déjà observé sur les lisières forêt-colza, la lisière forestière présentait une plus forte abondance d’abeilles cleptoparasites d’Andrena spp (les Nomada spp) ainsi qu’une plus grande abondance d’Andrena mâle comparé à la lisière non-forestière. Ces résultats indiquent que les sites de nidifications ou au moins d’accouplement du groupe important des Andrènes se situent préférentiellement sur la lisière forestière. Les résultats de ces deux études nous donnent les premiers exemples bien documentés en milieu tempéré, que la lisière forestière constitue un réservoir de pollinisateurs potentiels des cultures en fournissant des sites de nidification ou d’accouplement pour un groupe important de pollinisateurs printaniers. Nous recommandons aux décideurs politiques et aux gestionnaires de prendre en considération les lisières forestières et d’encourager leur protection dans la matrice agricole pour promouvoir et maintenir les populations d’abeilles sauvages et la pollinisation.