Farmland in South and North: what changes for public action?
Terres agricoles au Sud et au Nord : quelles transformations pour l'action publique ?
Résumé
The research presented here, from an international symposium organized in Lyon by the French Society of Rural Economy in 2014, illustrates the major place that land resources, at the crossroads of various issues on the agenda of public policies have in rural and suburban territories. First, the design as the implementation of public policy for land management appears deeply linked to the nature of local claims in access to rights, envisaged in their multiplicity (ownership, use, administration). Claims that have the backing land rights also cover the uses for diverse purposes, often contradictory (set production value, residential, environmental protection). The prosecution is also strongly determined by the degree of complexity of interventions, whether from the superposition of scales of action or cross sectoral policies. The local land management in the context of arrangements between actors users of the resource is embedded in local policies and national reform agendas, themselves subject to global issues (migration, dynamic and speculative investments in global markets, impact of international conflicts). The "land problem" is more crossed by environmental issues, housing and territorial development, for which the question of the appropriate tools of public action, between incentive binding regulation and hybrid devices. Finally, repositories mobilized to promote land reform agendas in themselves an object of research in the social sciences, insofar as they crystallize in the form of political narratives sometimes reified conceptions of economic processes and evolutionary trajectories companies. A reflexive examination of the conditions under which produces such standards is part of a deconstruction of political discourse that questions the place of the researcher in the evaluation of public policy devices. The researches part of this special issue call for crossing disciplinary looks (economics, geography, sociology and anthropology) and methods (qualitative interviews, quantitative surveys, bibliographic and documentary analysis, mapping study, observation of role playing). They successively deal with these issues on the basis of detailed analyzes empirical content and revealing filigree convergence of regulatory issues beyond the specific national contexts in developed and developing countries.
Les recherches présentées ici, issues d’un colloque international organisé à Lyon par la Société française d’économie rurale en 2014, illustrent la place singulière que tient la ressource foncière, au croisement de différents enjeux à l’agenda des politiques publiques dans les territoires ruraux et périurbains. En premier lieu, la conception comme la mise en oeuvre de l’action publique en matière de gestion des terres apparait profondément liée à la nature des revendications locales en matière d’accès aux droits, envisagés dans leur multiplicité (propriété, usage, administration). Les revendications qui ont pour support les droits fonciers portent en outre sur des usages à finalité diverse, souvent contradictoires (mise en valeur productive, usages résidentiels, préservation de l’environnement). L’action publique est par ailleurs fortement déterminée par le degré de complexité des interventions, qu’il s’agisse de la superposition des échelles d’action ou du croisement des politiques sectorielles. La gestion locale des terres dans le cadre d’arrangements entre acteurs usagers de la ressource est enchâssée dans des politiques locales et des agendas de réforme nationaux, eux-mêmes soumis à des enjeux globaux (flux migratoires, investissements spéculatifs et dynamiques des marchés mondiaux, impacts des conflits internationaux). Le « problème foncier » est de plus traversé par des enjeux d’environnement, de logement et de développement territorial, pour lesquels se pose la question des outils adéquats d’action publique, entre incitation, règlementation contraignante et dispositifs hybrides. Enfin, les référentiels mobilisés pour promouvoir des agendas de réforme foncière constituent en soi un objet de recherche pour les sciences sociales, dans la mesure où ils cristallisent sous la forme de récits politiques des conceptions parfois réifiées des processus économiques et des trajectoires d’évolution des sociétés. Un examen réflexif sur les conditions dans lesquelles se fabriquent de tels référentiels participe d’un travail de déconstruction du discours politique qui interroge la place du chercheur dans les dispositifs d’évaluation de l’action publique. Les recherches mobilisées dans le cadre de ce numéro spécial plaident pour le croisement des regards disciplinaires (économie, géographie, sociologie et anthropologie) et des méthodes (entretiens qualitatifs, questionnaires quantitatifs, analyse bibliographique et documentaire, étude cartographique, observation de jeux de rôle). Elles traitent successivement de ces questions en partant d’analyses au contenu empirique détaillé et en révélant en filigrane la convergence d’enjeux de régulation, au-delà de la spécificité des contextes nationaux dans les pays développés et en développement.