Les acteurs de la gestion de l’eau sont amenés à gérer des enjeux toujours nouveaux. Ils le font en fonction de l’état des savoirs scientifiques et techniques mais aussi en fonction de normes juridiques évolutives, souvent d’origine européenne. Toutefois, la manière dont ils s’emparent de ces enjeux dépend également des réformes de toutes sortes qui s’appliquent à eux. Certaines ont pour objet l’administration d’Etat dans son ensemble. D’autres ont pour objet les collectivités locales. Certains de ces dispositifs de réforme concernent spécifiquement les politiques de l’eau, comme la suppression, suite à la RGPP, des missions d’ingénierie des services de l’Etat ou encore le transfert par la loi MAPTAM de la compétence dite GEMAPI (gestion de l’eau et des milieux aquatiques et prévention des inondations) au bloc communal. Enfin, le contexte est marqué par une crise économique qui pèse fortement sur les acteurs de la gestion de l’eau. L’administration d’Etat et ses établissements publics travaillent avec des moyens qui tendent à se limiter. De la même manière, les dotations de l’Etat aux collectivités locales ont fait l’objet de gels puis de diminutions ces dernières années, alors que, dans le même temps, leurs champs d’intervention tendaient à s’élargir. L’une des grandes questions soulevées par ces dynamiques concerne le redéploiement des compétences techniques, que nous définissons ici comme l’ensemble des savoirs et savoir-faire thématiques et professionnels mobilisés de manière contextualisée par les agents, services et organisations concernés, ainsi que les métiers auxquels ceux-ci sont associés, et qui leur confèrent une capacité à agir. Ce rapport tente de répondre à la question suivante : dans quelle mesure et de quelles manières ces compétences évoluent-elles au gré des nouveaux enjeux liés à l’eau et de la « nouvelle donne » en matière d’action publique ? Cela nous conduira à nous intéresser à la redéfinition des responsabilités, des missions et des métiers, à la fois en interne aux organisations et entre acteurs de la gestion de l’eau, aux formations et aux profils des agents, qui structurent les compétences techniques disponibles, à la circulation de ces agents entre services et organisations et, plus largement, aux stratégies mises en oeuvre pour constituer ou renforcer ces compétences.