Malgré la dynamique de spécialisation agricole des 50 dernières années, l'élevage comporte encore une forte diversité de systèmes et de production dans les territoires. La fréquence des aléas, la fragilisation économique des élevages, et plus récemment le projet de transition agroécologique de l'agriculture inscrit dans la Loi d'avenir de 2014, amènent à reconsidérer cette diversité. Or, cette diversité touche les espèces, les modes de production, les surfaces et leur mode d'utilisation, et s'observe dans et entre les exploitations d'un même territoire. Ses bénéfices environnementaux, sociaux et économiques restent souvent à objectiver ou à désingulariser de situations particulières, et même parfois à développer. Une des raisons de ce besoin de connaissances est que la caractérisation de l'ensemble des formes d'élevage à des échelles englobantes, notamment en ce qui concernent les productions des exploitations, est insuffisamment abordée. De telles analyses sont pourtant nécessaires pour prioriser et coordonner les actions de soutien aux éleveurs et aux entreprises agro-alimentaires, ou pour hiérarchiser et faire évoluer les infrastructures et équipements : abattoirs, unités de transformation, dessertes, etc (Neumann et al, 2009). Plus globalement, c'est l'analyse de la durabilité de l'élevage qui est en jeu. Dans cette perspective, le projet PSDR Auvergne NewDEAL ambitionne d'analyser la diversité des systèmes d'élevage à différents niveaux d'organisation (méso et micro régions, exploitation, sous-système d'exploitation, filière). A chaque niveau, il est apparu nécessaire d'identifier les éléments clefs de diversité à maintenir et articuler pour consolider l'élevage. Un des premiers travaux engagés depuis le lancement du projet (automne 2015) développe une analyse régionale de la diversité de l'élevage en Auvergne-Rhône-Alpes. Il initie et illustre le caractère multi-échelle des recherches mises en ½uvre dans le projet. L'analyse prend en compte l'ensemble des 28 291 élevages d'herbivores d'Auvergne-Rhône-Alpes mis en évidence et caractérisés par la typologie Inosys des Chambres d'Agriculture, elle-même construite à partir des données du recensement agricole 2010. La méthode distingue la diversité intra et inter exploitations de la région. Du point de vue intra-exploitation, grâce aux informations contenus dans la typologie Inosys, les premiers résultats montrent qu'en Auvergne-Rhône-Alpes, une forte part (39%) des exploitations d'élevages d'herbivores -avec ou sans polyculture- présentent plusieurs ateliers -animaux et cultures, lait et viande, bovin et ovin. De plus, une majorité d'exploitations présentent aussi une diversité de produits qui va souvent au-delà des produits régionaux dominants tels que les broutards, le lait et les agneaux. Du point de vue inter-exploitation, grâce au calcul de l'indice d'équitabilité de distribution de Piélou, une analyse de la spatialisation de l'ensemble des types d'exploitation a été réalisée. Elle permet de repérer différentes formes de diversification inter exploitations et leur spatialisation dans la région. Ceci permet aussi de distinguer des configurations de bassins de production. Cette analyse constitue un préalable utile et nécessaire pour l'analyse multi-échelles des atouts et limites de la diversité de l'élevage qui va se poursuivre dans la cadre du projet avec les chercheurs et les acteurs locaux et agricoles. D'un point de vue partenarial, le travail de recherche intègre et développe la valorisation d'un outil de caractérisation de la diversité des exploitations mis en place par les Chambres d'agriculture. La co-construction avec les partenaires chambre d'agriculture et services statistiques régionaux en Auvergne-Rhône-Alpes dans la première phase du projet présentée ici a permis de poursuivre la caractérisation à une échelle englobante recouvrant l'ensemble de la nouvelle région. Il donne une visibilité nouvelle à ce trait de l'élevage régional. Il reste à mettre en débat la vision globale de la diversité de l'élevage issue de l'analyse statistique et spatiale avec les acteurs des filières et des territoires pour en identifier les atouts et limites pour le développement durable de l'élevage.