Les forêts humides (forêts alluviales ou marécageuses ou plantations de peupliers) offrent des conditions d'habitat originales à l'entomofaune terrestre: conditions microclimatiques, édaphiques et végétation (notamment ligneuse) hygrophiles, structure de peuplement particulière (sylvigenèse et maturité plus rapide qu'en forêts sèches, affectant la densité de bois mort et de microhabitats liés aux arbres), dynamique du niveau d'eau (pulsations d'inondation)… Les insectes forestiers montrent différentes adaptations à ces conditions de vie. Les insectes hygrophiles sont évidemment dominants. De nombreux insectes lignicoles, phytophages ou xylophages, sont spécialisés vis-à-vis des essences ligneuses hygrophiles (peupliers, saules, aulnes, frênes…). Dans certains micro-habitats originaux (interface terre-eau, bois mort immergé), les insectes constituent des réseaux trophiques très spécifiques. En réponse à la pulsation d'inondation, certaines espèces sont dotées de mécanismes de résistance adaptative : capacités de dispersion pour émigrer et recoloniser, mécanismes physiologiques et éthologiques de survie à la submersion. L'alternance crue/à-sec induit d'ailleurs une perturbation fréquente de l'habitat et une dynamique des communautés locales très active, ponctuée d'extinctions locales, d'émigrations et de re-colonisations, et stimulant la diversité à l'échelle régionale, en particulier chez les insectes terricoles. Nous détaillerons ensuite la situation de deux coléoptères xylophages ravageurs menaçant les essences ligneuses hygrophiles européennes, le capricorne asiatique (Anoplophora glabripennis), déjà introduit mais non envahissant, et l'agrile du frêne (Agrilus plannipennis), aux portes orientales de l'Europe. Enfin les enjeux de conservation des forêts humides pour la biodiversité entomologique seront abordés.