Les «nouveaux sauvages» qui résultent des invasions biologiques font l'objet d'un concept controversé d'intégration des espèces exotiques dans les écosystèmes autochtones. Un élément central de ce concept est d'exploiter la grande vitalité des nouvelles espèces dans la colonisation des écosystèmes fortement perturbés, voire même largement détruits par l'homme. Dans cet article, nous discutons l'option d'intégration à l'exemple de l'ailante (Ailanthus altissima) et du paulownia (Paulownia tomentosa), deux essences exotiques qui commencent à se propager de façon spontanée dans certaines forêts suisses. De récentes études indiquent que ces deux essences pionnières ne se propageront pas sur de grandes surfaces et qu'elles ne perturberont a priori pas les services écosystémiques attendus de la forêt. Ainsi, l'ailante en forêt protectrice est tout aussi efficace par rapport aux chutes de pierres que les essences locales et sa pourriture de coeur moins fréquente qu'attendu. Il devient évident que la Suisse devrait adopter une stratégie différenciée avec des mesures de lutte et d'intégration.