La Nouvelle-Calédonie, archipel français ultramarin du Pacifique Sud-Ouest, est considérée comme un hot-spot mondial de biodiversité en raison de l'endémisme exceptionnel de sa faune et de sa flore. L'île principale, appelée la Grande Terre, s'étire sur environ 450 km de long pour 40 à 50 km de large et présente une superficie d'environ deux fois la Corse. Ses affleurements ultramafiques font l'objet d'une activité minière liée à l'exploitation des gisements de nickel. Elle subit aussi des pollutions urbaines (dont celles de l'agglomération de Nouméa, qui représente 100 000 habitants) et domestiques (tribus), des pollutions agricoles, etc... De ce fait, la gestion de l'environnement est une préoccupation majeure de la vie politique locale, en particulier pour les aspects de protection de la ressource en eau et de la biodiversité patrimoniale. En fonction de son statut de collectivité sui generis, la Nouvelle-Calédonie n'est pas soumise à la réglementation européenne. Cependant, les dispositions règlementaires prises pour préserver la qualité des hydrosystèmes s'inspirent largement de la Directive Cadre sur l'Eau, en utilisant notamment des compartiments biologiques pertinents pour l'évaluation de leur état écologique. A cet effet, un programme de recherche-développement visant à la mise au point d'un nouvel indice d'évaluation diatomique des cours d'eau de Nouvelle-Calédonie a été réalisé entre fin 2012 et fin 2017. Les réalisations de terrain, basées sur 4 campagnes de prélèvements réparties sur 2 saisons (saison sèche-saison humide), ont permis d'obtenir 210 doublets de données associant des descripteurs abiotiques de qualité des milieux et les inventaires diatomiques correspondants.Les investigations de données ont débuté par une phase d'analyses exploratoires classiques (analyses multivariées, analyses des correspondances...), en vue d'appréhender : 1) la nature et l'intensité des gradients abiotiques présents localement et 2) leur mise en relation avec la distribution des espèces diatomiques locales, qui restaient encore méconnues avant la réalisation de ce programme, tant sur le plan taxinomique que de leur autoécologie spécifique. En complément, une analyse ascendante hiérarchique a permis de repérer la typologie des assemblages diatomiques, à associer les biotypes obtenus avec les conditions environnementales locales, et à en repérer les principales espèces structurantes au moyen de l'IndVal. Au bilan, ces différentes approches nous ont permis de cerner la diversité et la structure des communautés diatomiques des cours d'eau calédoniens et de commencer à appréhender l'effet de structuration exercé par les facteurs environnementaux et les pressions anthropiques. Dans un second temps, une approche innovante s'est appuyée sur l'utilisation du programme TITAN (Threshold Indicator Taxa ANalysis) pour la détection de seuils écologiques d'augmentation ou de diminution de la distribution de taxons, permettant le repérage et la sélection de taxons d'alerte vis-à-vis de 7 métriques élémentaires d'anthropisation (4 d'entre elles étant relatives à l'enrichissement trophique et 3 se focalisant sur les impacts miniers).Au final, l'IDNC (Indice Diatomique de Nouvelle-Calédonie) adopte le principe d'One Out-All Out pour déterminer l'état écologique des cours d'eau de Nouvelle-Calédonie sur la base du plus mauvais état observé (métrique intégrée trophique versus métrique intégrée minière).