En France, la mise en débat public de l'usage des pesticides a été tardive et demeure encore peu accessible aux travailleurs agricoles alors même qu'un changement de pratiques de leur part est attendu et qu'ils sont fortement exposés aux produits de par leur activité professionnelle. Cette configuration de la « transition » relative aux pesticides soulève simultanément des enjeux sanitaires, environnementaux et de justice sociale, renouant avec certains mouvements sociaux à l'international, qu'il s'agisse de l'Environmental Justice aux États-Unis (Taylor, 2000) ou de mobilisations dans les pays du Sud nommées « écologisme des pauvres » par Martinez-Alier (2014). Le concept d'inégalités environnementales (Deldrève et Candau, 2014 ; Deldrève, 2015) permet de (re)penser ensemble ces enjeux dans l'analyse de la transition (Larrère et Larrère, 2016). Nous analysons comme telles les inégalités de participation de populations exposées à un risque (Deldrève, 2015), ici les travailleurs agricoles utilisateurs de pesticides, en faisant l'hypothèse que leur voix peu audible dans l'espace public est le signe de capabilités entravées (Sen 2000, de Munk 2008). Qu'ils soient salariés ou agriculteurs participant aux travaux, notre recherche vise donc à identifier les processus sociaux qui renforcent ou fragilisent leurs capabilités à dire leurs préoccupations relatives aux pesticides