La Meurthe est un cours d'eau de 160 Km de long, situé dans la région Lorraine (Nord-Est de la France). Il prend sa source dans les Vosges, à plus de 1200 m d'altitude. Les 100 premiers kilomètres de ce cours d'eau coulent sur une géologie plutôt cristalline (granite), puis la Meurthe traverse des plaines à géologie de type sédimentaire (calcaire) avant de confluer avec la Moselle à l'aval immédiat de Nancy. Les diatomées sont prélevées en routine depuis 1997 en Lorraine et en particulier sur la Meurthe pour évaluer sa qualité biologique. Les méthodes utilisées sont l'IBD -Indice Biologique Diatomées- et l'IPS -Indice de Polluosensibilité Spécifique-. Cependant, l'esprit de ces indices ne répond pas aux exigences de la DCE -Directive Cadre sur l'Eau- qui demande d'évaluer la qualité biologique des cours d'eau toujours au moyen des bioindicateurs mais selon le principe de l'écart à la référence. Un nouvel indice diatomique l'IDE -Indice de Distance Ecologique- a été développé par Tison et al. (2005), il mesure l'écart entre l'état actuel du cours d'eau et une référence fixée, par l'intermédiaire des valeurs de polluosensibilité des diatomées définies dans l'IPS. Cet indice a été testé sur la Meurthe. La Meurthe peut être divisée en trois secteurs. Le premier correspond à la Meurthe de très petite et petite taille sur géologie cristalline. Sa station la plus apicale est située en amont de tous rejets. Elle est caractérisée par des taxons de très bonne qualité et neutrophiles tels Achnanthidium minutissimum, A. kranzii, Gomphonema micropus. Elle a été utilisée comme référence pour ce secteur qui voit sa qualité se dégrader rapidement. Le deuxième secteur, correspond à la Meurthe de taille moyenne, sur géologie cristalline, ce tronçon a une qualité moyenne. La Plaine à Raon/P. a été utilisé comme référence pour ce secteur, son assemblage est dominé par Cocconeis lineata, Achnanthidium minutissimum et A. subatomus. Le troisième secteur correspond à la Meurthe qui sort du massif vosgien. Les taxons caractéristiques de faibles conductivités cèdent la place à des taxons tels que Cocconeis placentula var. euglypta. Dans ces derniers kilomètres la Meurthe voit sa conductivité augmenter artificiellement et passer de 400 S.cm-1 à plus de 2500 S.cm-1. Ceci est lié à l'exploitation du NaCl et au rejet de CaCl qui va entraîner une modification des communautés de diatomées avec l'apparition de Bacillaria paxillifera, Nitzschia frustulum, N. filiformis. La Meuse à St Mihiel est utilisé comme référence pour ce secteur, son assemblage est dominé par Achnanthidium minutissimum et Cymbella excisa. L'IDE a été calculé pour les différentes stations. Il montre une très bonne corrélation avec l'IPS (r2=0,9). Cependant de légères différences sont observables : l'IDE semble plus sensible que l'IPS en présence de communautés proches de l'état de référence. En revanche, tout comme l'IPS, cet indice semble assez insensible aux perturbations liées uniquement à la minéralisation (cas des soudières). Afin d'améliorer l'IDE, il pourrait être envisagé qu'il prenne en compte les 3 types de pollution de façon séparée, conductivité, trophie et saprobie, sous forme d'un indice multimétrique qui intégrerait les spécificités écorégionales.