Fusariose du cyclamen : connaître, détecter et prévenir
Résumé
Fusarium oxysporum est un champignon tellurique ubiquiste présentant une grande diversité de souches pathogènes et non pathogènes. Les souches phytopathogènes sont groupées en formae speciales selon leur spécificité d’hôte. Ainsi, la forma specialis cyclaminis (Focy) est responsable de la fusariose vasculaire du cyclamen. C’est le pathogène le plus destructeur sur cyclamen. Le pathogène, et donc la maladie peuvent intervenir à tout moment du cycle de culture causant d’importantes les pertes. Malheureusement, la détection préventive de Focy n’est pas possible, la lutte chimique inefficace et la résistance variétale inexistante. La lutte biologique apparaît comme l’alternative à promouvoir. Afin de fournir aux producteurs un système de gestion de la maladie efficace, nous proposons de : (1) rechercher un marqueur moléculaire spécifique pour détecter précocement le pathogène, (2) sélectionner un ou plusieurs agents de lutte biologique (ALB) efficaces parmi les produits commercialisés mais sans allégation contre Focy. Pour cela, une collection comprenant 27 souches de Focy de collections internationales, 25 isolats de F. oxysporum isolés de cyclamens et une centaine d’autres souches de champignons a été constituée. L’identité des isolats de F. oxysporum a été vérifiée en séquençant la totalité de l’espaceur interne transcrit (ITS) de l’ADN ribosomique (ADNr) et une partie du gène codant pour le facteur d’élongation 1-α (EF1-α) et en évaluant leur pathogénicité sur cyclamen. La diversité génétique de Focy a été caractérisée en combinant les séquences de l’EF1-α et de l’espaceur intergénique (IGS) de l’ADNr. Cette analyse a révélé une grande diversité, les souches étant réparties dans six groupes. Un fragment d’ADN spécifique et commun à ces groupes a été recherché par amplification aléatoire d’ADN polymorphe (RAPD). Un fragment de 1650 pb a été identifié à partir duquel des amorces ont été dessinées. Leur spécificité et sensibilité sont en cours d’évaluation. Parallèlement, l’efficacité de contrôle de 7 ALB seuls ou en combinaison a été testée contre une souche agressive de Focy. L’essai a été réalisé en serre. Les ALB ont été incorporés au substrat, au semis puis au rempotage. Le pathogène a été apporté une semaine post rempotage. Trois ratio ALB/agent pathogène (1/1, 10/1, 100/1) ont été testés. Les premiers résultats ont permis la sélection de 3 ALB. Ces produits seront testés à nouveau dans un essai de plus de 1500 plantes en serre, qui sera dupliqué à Dijon et Rouen. Il permettra de valider le choix et la méthode d’application de l’ALB retenu.