L'article examine le rôle du principe de précaution (PP), dans la transformation du paysage français de réglementation des organismes génétiquement modifiés utilisés dans l'alimentation et l'agriculture pendant la dernière décennie. Malgré la rareté de références explicites au PP, les auteurs soutiennent que ce principe a joué un rôle déterminant. Les changements ne résultent pas d'un processus linéaire contrôlé par le haut, comme pour l'application d'une nouvelle loi., Au contraire, le PP est devenu un point d'articulation entre des débats dans différentes arènes publiques ; à travers ces débats, il a été progressivement traduit en pratiques pragmatiques. De nouvelles frontières ont été dessinées entre les pratiques d'évaluation et de gestion des risques. Ceci a facilité l'émergence progressive d'une arène distincte d'expertise scientifique et a ouvert la possibilité d'émancipation réciproque de la décision publique et de l'expertise scientifique.