Dynamiques végétales jeunes sur les vases exondées du lac de Vezins (Manche) avant démantèlement de grands barrages : potentialités d’une restauration écologique passive et conservatoire d’une vallée renaissante
Résumé
L’étude, conduite de 2015 à 2017, sur le fleuve Sélune (Manche), s’inscrit dans le cadre de l’opération d’effacement de ses deux grands barrages (36 et 16 m de haut) à l’horizon 2021. Pour faciliter les travaux de gestion sédimentaire réalisés parallèlement à la vidange de la retenue de Vezins (19 km de long, 160 ha), le niveau du lac a été stabilisé à sa côte usuelle basse au printemps 2015. Depuis juin 2017, le plan d’eau est abaissé progressivement pour la mise en œuvre de ces travaux, libérant le lit majeur. Les communautés végétales recolonisant les vases dénoyées sont observées à deux échelles : celle de la retenue – 22 stations réparties spatialement (amont/aval, embouchure d’affluents /rives Sélune), et celle d’un site particulier. Après chaque baisse de niveau, des hectares de vases se sont revégétalisés, et, en 2017, le lit originel réapparait en queue de retenue. Vezins abrite également 6 espèces rares, menacées par la modification, voire la disparition, de leurs habitats. Le suivi de la limoselle aquatique (Limosella aquatica L.), espèce pionnière des berges exondées liée au marnage, par le Conservatoire Botanique National de Brest depuis 2015, est une mesure compensatoire de l’intervention. Une renaturation passive de la vallée de la Sélune après arasement est-elle compatible avec le maintien des sédiments en place et la conservation de certaines espèces patrimoniales ? Trois axes de recherche sont déclinés : (i) la dynamique temporelle de recolonisation, (ii) la diversité spatiale de réponses des communautés sous l’influence d’un contexte environnemental et paysager varié, (iii) la conservation des espèces et des milieux. In fine, il s’agira de hiérarchiser les enjeux de restauration écologique selon les fonctions attribuées aux nouveaux espaces de cette vallée renaissante. La rapidité d’évolution des stades de succession, la diversité des réponses spatiales (mosaïque d’habitats) et les aspects conservatoires sont discutés.