Revégétalisation spontanée de la vallée renaturée de la Sélune (Manche): approches taxonomiques et fonctionnelles comme aide à la décision pour la conduite des travaux (vidange, gestion sédimentaire) en contexte d’arasement
Résumé
La restauration de la continuité écologique du fleuve Sélune (Manche) est un projet d’arasement de deux grands barrages (h. 36 et 16m) hydroélectriques sans précédent en Europe. Il est suivi par un programme scientifique (Selune-river-restoration.inra.fr) comprenant une analyse du reverdissement spontané d’un tronçon de 19km de long et 151ha (dimensions du premier lac de retenue disparu). Dès 2015, des baisses de niveaux successives ont dénoyé progressivement les plages de sédiments de l’ancienne vallée. Des travaux de gestion sédimentaire ont été conduits conjointement (creusement du lit mineur, stockage des sédiments par reprofilage localisé des berges) pour prévenir l’emportement des 700 000m3 de sédiments mobilisables. De fait, les vases exondées constituent des milieux pionniers ouverts à la recolonisation végétale. Les 4 années de suivi (2015-2018), état initial avant arasement, visaient à observer le patron spatial et la trajectoire des communautés végétales spontanées des points de vue structurel, taxonomique et fonctionnel. L’échantillonnage spécifique d’un site ayant subi une baisse de niveau automnale (2014), printanière (2017) et un remaniement artificiel automnal (2017) permet de comparer les réponses de la végétation (i) à la saison de la baisse de niveau et (ii) au remaniement. Dans tous les cas, la recolonisation est rapide, mais, les choix de gestion semblent influencer la composition et certaines fonctions des communautés. Ainsi, si des espèces pouvant fixer les rives sont présentes après chaque baisse, les communautés sont plus riches, diversifiées et les espèces de berges, plus abondantes suite à une baisse printanière. Le remaniement par le génie civil favorise une homogénéisation des communautés dominées par des annuelles ne se dispersant pas végétativement et restreint l’établissement d’espèces forestières. Cette perturbation forte (mélange des horizons, talutage, compactage) tardive est un retour à un état sensible (remise à nu) bouleversant le gain, après 2,5 ans de successions spontanées, de communautés typiques de berges aptes au maintien des sédiments. Les implications en matière de potentialités de restauration écologique passive de la vallée sont discutées.
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