Evaluation de la télédéclaration pour estimer l’incidence de l’érythème migrant en Pays des Combrailles : étude Pilote
Résumé
Comme les manifestations précoces et tardives de la maladie de Lyme sont parfois difficiles à diagnostiquer avec certitude, une stratégie envisagée pour évaluer l’incidence de la maladie est d’enregistrer l’occurrence de l’Erythème Migrant (EM), une manifestation cutanée pathognomonique des premières phases de la maladie. L’objectif de cette étude était d’évaluer la faisabilité de la télédéclaration de l’EM pour estimer l’incidence de la maladie de Lyme. L’étude a été menée dans une zone rurale de 47 000 habitants, les Combrailles (Auvergne), connue pour héberger de nombreuses tiques Ixodes ricinus infectées par Borrelia burgdorferi. Une campagne d’information a été organisée à l’attention des habitants et des professionnels de santé. Ont été incluses dans l’étude les personnes ayant (i) envoyé une image d’une lésion cutanée suspecte à l’adresse mail et/ou au numéro de téléphone dédiés entre le 1er avril 2017 et le 31 mars 2018 et (ii) ayant répondu à un questionnaire. Deux médecins, infectiologue et dermatologue, du CHU de Clermont-Ferrand ont jugé la qualité de l’image et la probabilité d’un EM. Parallèlement, un questionnaire a été envoyé aux médecins généralistes et aux pharmaciens de la région afin d’estimer le nombre de cas vus en consultations sur la même période. Au total, 113 images ont été reçues (mails ou MMS). Parmi les déclarants, 73 étaient hors zone ou hors période d’étude et 9 n’ont pas répondu au questionnaire. Sur les 31 personnes ayant envoyé une photo dans la zone et la période d’étude, 24 ont répondu au questionnaire. Parmi elles, 5 personnes ont déclaré ne pas avoir de smartphone. Tous les participants sauf 2 ont envoyé facilement les photos, toutefois dans 9 cas sur 31 l’envoi a été effectué par un tiers (famille, pharmacien, médecin, infirmier). Dix-huit sur 31 (58%) étaient des femmes. L’âge médian était de 51,5 ans [35-58]. La qualité des photos variait de très bonne (71%), bonne (23%) à médiocre (6%). Cinq images (16%) ont été évaluées comme érythème migrant probable, 7 (23%) possible, 7 (23%) peu probable et dans 12 cas (38%), le diagnostic d’EM a été rejeté. La majorité des déclarations ont été recensée pendant les mois de mai à aout, que ce soit par la population, les médecins ou les pharmaciens. L’estimation de l’incidence des EM par télédéclaration est un outil prometteur. Toutefois cette étude pilote montre des limites : nécessité d’une campagne de sensibilisation préalable (affiches, flyers, presse, radio, réunion d’informations pour médecins, pharmaciens et grand public), intervention impérative de médecins pour la collecte des données cliniques et l’interprétation des images permettant d’appuyer l’hypothèse d’un EM.