Exploration participative du role du paysage riche en elements semi-naturels pour la gestion des ravageurs de cultures
Résumé
De nombreuses études en écologie du paysage font régulièrement état du rôle positif des habitats semi-naturels sur les prédateurs et parasites des ravageurs de cultures. De tels résultats suggèrent une application pratique en agriculture : à minima conserver ces habitats ou volontairement en augmenter l’importance dans les territoires agricoles pour bénéficier des services écosystémiques de régulation des ravageurs. Toutefois, les cas avérés d’une telle mise en pratique sont rares et les études scientifiques faisant état de bénéfices obtenus par les agriculteurs de ces habitats semi-naturels sont plus souvent suggérés que démontrés. Nous avons donc cherché à déterminer comment divers acteurs d’un territoire agricole considéraient ce lien entre éléments semi-naturels et services écosystémiques de régulation. Pour cela, nous avons initié un processus de recherche-action dans une zone d’arboriculture intensive située dans le Tarn-et-Garonne. Par le biais d’une modélisation participative, nous avons co-construit avec des arboriculteurs, un technicien et une écologue du paysage, un modèle Bayésien permettant via des scénarios d’explorer et de comparer les points de vue actuels de chacun sur le rôle des éléments semi-naturels vis-à-vis du service de régulation des ravageurs. Nous avons pu ainsi mettre à jour, malgré les incertitudes entourant les processus écologiques et sociaux en jeu, un consensus parmi les participants sur l’effet notable des éléments semi-naturels dans une optique de conservation des ennemis naturels. Toutefois, en l’état actuel des connaissances de ces acteurs, l’effet de conservation par les habitats semi-naturels ne se traduit pas ou très modestement sous la forme de bénéfices notables pour les systèmes agricoles arboricoles. Ces résultats permettent de mieux comprendre le faible enthousiasme actuel chez les arboriculteurs pour une approche de contrôle biologique par conservation des éléments semi-naturels au niveau du paysage. Cette modélisation participative a permis d’identifier qu’une logique de conservation des habitats semi-naturels au niveau des inter-rangs des parcelles de vergers pourrait être plus prometteuse vis-à-vis des services écosystémiques de régulation des ravageurs en arboriculture.