Les risques de casses au vent des arbres urbains (et les possibles dommages aux biens ou aux personnes qui en résultent) sont une préoccupation majeure des gestionnaires de parcs ou d’alignements arborés. Toute une activité de diagnostic mécanique et d’interventions de tentative de mise en sécurité des arbres s’est ainsi développée. La biomécanique nous permet d’appréhender les paramètres qui influent sur l’état de contrainte mécanique dans un arbre soumis au vent et les paramètres qui influent sur son risque de casse. Mais la recherche récente nous apprend que l’on peut aller plus loin que le simple diagnostic d’état. En effet depuis la colonisation de la terre ferme, les arbres ont eu à faire face au challenge mécanique que représente leur prise au vent et la variation de leurs conditions d’exposition suivant l’endroit où ils poussent. Et la sélection naturelle les a dotés d’une capacité de percevoir son exposition au vent (par un sens similaire à notre sens du toucher) et de modifier sa croissance afin de s’acclimater et s’endurcir. Je présenterai les principaux résultats de cette dernière décennie sur ces questions, en incluant aussi nos résultats récents obtenus sur des hêtres en conditions forestières. J’ouvrirai enfin la discussion en présentant les perspectives en termes de « suivi longitudinal des arbres » pour un meilleur diagnostic de sécurité, ainsi que les interrogations sur l’augmentation du risque de casse au vent avec le changement climatique.