La déficience en cytidine désaminase est-elle un marqueur de résistance ou de sensibilité à un traitement anti-tumoral ?
Résumé
Le syndrome de Bloom (BS) est une maladie génétique rare qui prédispose à tous types de cancers, qui résulte de la mutation des deux copies du gène BLM. L’équipe a montré que (1) l’absence d’une protéine BLM fonctionnelle était associée à la chute d’expression de la cytidine désaminase (CDA), une enzyme impliquée dans la fabrication des briques constituant l’ADN, et (2) la déficience en CDA entrainait certaines anomalies cellulaires connues pour prédisposer au développement de cancers. Dans le cadre de mon stage post-doctoral, mon projet de recherche avait pour objectif de déterminer si la déficience en CDA pouvait être impliquée dans certains processus de cancérogenèse dans la population générale. Notre étude a révélé pour la première fois que l’expression de CDA est perdue dans une grande proportion de tumeurs (~60 %), principalement en raison de modifications épigénétiques du gène CDA ; ainsi, des tumeurs qui étaient classiquement définies comme appartenant à un même groupe sur la base de critères histologiques, cellulaires et moléculaires, pouvaient en fait présenter des propriétés différentes selon leur statut d’expression de CDA. Ainsi, le statut d’expression de CDA permet de définir deux nouveaux sous-groupes : les tumeurs déficientes et les tumeurs proficientes en CDA. Nos résultats indiquent que l’analyse par immunohistochimie du niveau d’expression initial de CDA dans les tumeurs pourrait avoir des implications importantes dans le choix du traitement à proposer aux patients. Nous avons ainsi montré que l’aminoflavone, agent anti-cancéreux qui a atteint une phase II en essai clinique, affectait spécifiquement la croissance des cellules tumorales déficientes en CDA, sans aucun effet sur les cellules tumorales exprimant CDA. Ainsi, le niveau d’expression de CDA pourrait être utilisé comme un nouveau marqueur pour guider la thérapie anticancéreuse.