Impact écotoxicologique de pesticides sur les communautés microbiennes naturelles responsables de la biodégradation de pesticides dans les sédiments de rivière
Résumé
L’utilisation quasi généralisée de pesticides dans de nombreuses cultures permet d’assurer une certaine qualité de la production végétale mais elle a des conséquences environnementales causant la contamination des eaux de surface, notamment les rivières circulant dans les agrosystèmes. Suite à l’exposition répétée aux pesticides, une fraction de la microflore est capable de s’adapter pour les dégrader conduisant à la mise en place de la biodégradation accélérée, un processus intéressant du point de vue environnemental parce qu’il diminue la persistance des pesticides dans l’environnement. La biodégradation accélérée peut avoir lieu dans les sols mais également dans les sédiments de rivière régulièrement contaminés par des pesticides. D’après nos connaissances, l’impact ecotoxicologique de la contamination par de multiples résidus de pesticides sur l’activité de dégradation de la communauté microbienne de sédiments adaptée à la biodégradation n’est pas documenté. Dans le but d’explorer cette question, nous avons mis en place une expérimentation à partir d’échantillons de sédiments collectés dans la Morcille (Beaujolais, France) connus pour présenter une microflore adaptée à la biodégradation accélérée de l’atrazine, du diuron et du 2,4-D. Ces sédiments ont été traités ou non (contrôle) avec soit du glyphosate, du tebuconazole, du dimetomorphe ou soit un mélange des trois pesticides (4 réplicats par traitement). Des échantillons de sédiments ont alors été prélevés à des intervalles réguliers pour évaluer l’impact de la contamination par ces pesticides sur l’abondance et l’activité des communautés microbiennes dégradant l’atrazine, le 2,4-D et le diuron. (i) L’activité de ces communautés a été évaluée par radiorespirométrie, en mesurant l’aptitude de la microflore des sédiments à minéraliser le 14C-atrazine, le 14C-2,4-D et le 14C-diuron. (ii) L’abondance des communautés bactériennes dégradant ces molécules a, quant à elle, été mesurée en extrayant l’ADN des sédiments afin de réaliser des PCR quantitatives sur les gènes codant les enzymes responsables de la dégradation de l’atrazine (atzA/trzN), du 2,4-D (tfdA), et du diuron (puhA/puhB). Les premiers résultats obtenus dans cette étude sont présentés.