Organizational stakes for breeding activities under the genomic era: the case of three cattle breeds (Aubrac, Brown Swiss, Tarentaise)
Enjeux organisationnels au sein des dispositifs de sélection face au développement de la génomique : le cas de trois races bovines (Tarentaise, Brune, Aubrac)
Résumé
La sélection génomique est à l’oeuvre dans les trois principales races bovines laitières en France depuis 2009 (Holstein, Montbéliarde, Normande). Cette innovation a fortement influencé, dans un contexte de changement politique (LOA 2006), l’organisation des activités de sélection et a fait évoluer la nature des relations entre les acteurs de la sélection. Ces évolutions ont été pour l’instant peu étudiées, notamment au niveau des races bovines à effectifs plus réduits. Celles-ci font l’objet de différents programmes de recherche visant à tester l’hypothèse d’un développement de la sélection génomique (programmes GEMBAL, G2R, Intergenomics et DEGERAM). Il y a un enjeu fort pour ces races d’anticiper les changements pour mieux s’y préparer. L’étude présentée ici, réalisée dans le cadre du projet STRING (INRA, France Génétique Elevage, APIS-GENE et Institut de l’Elevage), visait à fournir des éléments de réflexion pour faire face à ces évolutions. Elle avait pour objectif d’analyser dans trois races bovines (Aubrac, Brune et Tarentaise), les enjeux organisationnels autour de la recherche et du développement de la génomique. Il s’agissait de caractériser la nature des relations entre acteurs, ainsi que leurs évolutions potentielles et les perceptions des acteurs vis-à-vis de la sélection génomique. Une enquête qualitative a été menée pour identifier la diversité des situations (27 entretiens enregistrés, retranscrits et analysés). Elle révèle la façon dont les acteurs perçoivent les changements potentiels comme par exemple l’évolution des pratiques dans le choix des accouplements, l’évolution des différents services associés (sexage, génotypage) et les structures existantes comme les stations d’évaluation en allaitant, dont le rôle doit être redéfini. L’analyse met également en avant l’importance de l’adéquation entre la sélection génomique et les besoins réels, tant au niveau des critères de sélection choisis, des phénotypes mesurés qu’au niveau des services proposés (génotypages). Il ressort enfin de ces résultats que plus la coopération est forte entre les acteurs, plus ceux-ci semblent à même de développer des stratégies leur permettant de tirer au mieux parti des recherches ou de la mise en œuvre de la sélection génomique.