Réduire les risques de sélection de résistances : de la théorie à la pratique, des pistes pour améliorer la durabilité des PPP - INRAE - Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2013

Réduire les risques de sélection de résistances : de la théorie à la pratique, des pistes pour améliorer la durabilité des PPP

Résumé

La résistance est le résultat inéluctable de la sélection exercée par les PPP sur les populations de bio-agresseurs. À terme, on ne peut pas empêcher une résistance d’évoluer. Mais on peut retarder substantiellement cette évolution. Le point-clef à retenir pour ce faire est que plus une pression de sélection est répétée dans le temps et homogène, plus elle conduit rapidement et efficacement à une adaptation. Autrement dit, plus les techniques de contrôle déployées contre un bio-agresseur sont peu diverses, plus le risque de sélectionner rapidement une résistance est élevé. En agriculture, un exemple type d’application d’une pression de sélection homogène et répétée est de contrôler un bio-agresseur présent sur de grandes surfaces en utilisant exclusivement des PPP ayant un même mode d’action, voire un seul PPP. Cette stratégie peut fonctionner à court terme, mais à moyen et long terme, elle est extrêmement risquée du point de vue de la sélection des résistances. En conséquence, pour limiter le risque de sélection de résistances, il faut une stratégie de contrôle des bio-agresseurs qui soit diversifiée et efficace. Ceci implique de limiter le plus possible la prolifération des bio-agresseurs, en utilisant une diversité de moyens (chimiques et non chimiques) dont la combinaison soit la plus efficace possible : jouer sur les rotations culturales (quand c’est possible), faire de la prophylaxie (destruction des sources d’inoculum ou des formes hivernantes...), et mettre en oeuvre toute pratique de contrôle non chimique efficace et acceptable dans un système de production donné. L’emploi des PPP ne devrait idéalement se faire qu’après la mise en oeuvre de ces moyens, pour « finir le travail », car l’idée est de réduire le risque de sélection de résistances en réduisant l’infestation sur laquelle on applique un PPP. Et bien entendu, il faut aussi diversifier à la fois dans l’espace et dans le temps la partie chimique du contrôle des bio-agresseurs : alterner les modes d’action, et/ou utiliser des mélanges contenant des substances ayant des modes d’action différents, tout en se plaçant dans des conditions d’application qui permettront une efficacité maximale de l’application. Le choix de la dose appliquée peut également fortement influencer l’efficacité des PPP, et donc la sélection exercée. Au vu de la facilité d’emploi des PPP (« un pt’it coup de pulvé, et c’est plié »), ces recommandations peuvent sembler contraignantes. Si l’on raisonne à court terme, il semble en effet logique de privilégier la simplicité dans le contrôle des bio-agresseurs. Mais justement, le contrôle des bio-agresseurs ne peut se raisonner que dans la durée. Une fois la résistance établie, mettre en place des mesures de gestion est en général bien plus contraignant, voire plus coûteux, qu’utiliser une stratégie de prévention des résistances, surtout dans le contexte actuel de réduction de l’utilisation des intrants chimiques et de manque de nouveaux modes d’action. En matière de résistances, les calculs à courte vue sont souvent risqués.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02747398 , version 1 (03-06-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02747398 , version 1
  • PRODINRA : 253430

Citer

Christophe C. Delye, Anne Sophie A. S. Walker, Jacques Grosman. Réduire les risques de sélection de résistances : de la théorie à la pratique, des pistes pour améliorer la durabilité des PPP. Journées d’Échanges sur les Résistances aux produits de protection des plantes 2013, Réseau de Réflexion et de Recherche sur les Résistances aux Pesticides (R4P). FRA., Oct 2013, Avignon, France. 45 p. ⟨hal-02747398⟩
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