Réponse d’une forêt feuillue tempérée aux facteurs du climat, à la disponibilité en eau et à la gestion
Résumé
Le site-atelier de la forêt de Hesse, une jeune hêtraie de plaine sur station fertile de l’est de la France, génère des mesures de flux d’eau et de CO2 ainsi que de croissance et de mortalité des différents compartiments de l’écosystème. Nous disposons ainsi de 12 années complètes de données permettant d’analyser le déterminisme des flux et de mieux comprendre les relations eau/carbone/croissance du peuplement. Les flux (transpiration, assimilation photosynthétique, respiration…) aux petites échelles de temps sont sous la dépendance étroite des forçages climatiques classiques : rayonnement, température et déficit de saturation de l’air. A l’échelle interannuelle, les bilans de carbone et la croissance du peuplement sont fortement influencés par la contrainte hydrique, mais peu par le rayonnement ou la température. La séquestration annuelle du carbone varie dans des proportions de 1 à 5, alors que les variations de l’accroissement en biomasse sont beaucoup plus limitées. D’autre part, les éclaircies, bien que fortes dans ce peuplement, modifient relativement peu les flux et la croissance des arbres. Par ailleurs, au plan méthodologique, nous montrons une bonne cohérence des mesures de flux et leurs bilans entre la méthode des corrélations turbulentes et des mesures indépendantes (flux de sève, accroissement en biomasse des arbres, production de litière). L’enseignement à tirer de cette étude est la nécessité, en particulier pour les forêts, de réaliser des suivis sur le long terme pour prendre en compte la variabilité interannuelle du climat et mieux comprendre les phénomènes d’arrière-effets des évènements extrêmes. Le challenge est alors de maintenir dans la durée la qualité des mesures, ce qui suppose des financements et des personnels qualifiés, spécifiquement affectés au fonctionnement de ces sites.