Distinguer les "bons éleveurs"
Résumé
After the Second World War, agricultural policies question the conception of breeder’s occupation in a family and territorial frame to promote an industrial model. In the 60s, they are supported by trade unions and for the young breeders who settle down, the dignity of the work goes through such a modernization of the occupation. The specialization of the productions and the implementation of new methods of work lead to a breach with the conceptions of the work of polyculture-breeding family farms, from which they are issued. Little by little, the pig breeders get tools allowing a technical and economic piloting of their breedingsπ: they establish a set of indicators of performance, using tools of animal breeding and management. So arise GTTT, then GTE. In 1989, the data from these tools are standardized and supply a database to professional organisations. Then, a journal - Porc Magazine - transforms this observatory into public competition : “ the Golden Pigs Prize “, which indicates, according to the journal, “ the best breeders of France “. In this context, through our fieldwork with breeders of Côtes d’Armor in Brittany, we wonder about the influence of these models of good work on pig breeder’s occupation. If the existence of such models leads to homogenize what the breeders consider as manners of well working, it also contributes to build the social distinctions of their occupation.
Après la Seconde Guerre mondiale, les politiques agricoles remettent en cause la conception du métier d’éleveur dans un cadre familial et territorial pour promouvoir un modèle industriel. Dans les années 60, elles sont relayées par le syndicalisme et, pour les jeunes éleveurs qui s’installent, la dignité du travail passe par une telle modernisation du métier. S’opère ainsi une rupture avec les conceptions du travail des exploitations familiales de polyculture-élevage dont ils sont issus, par la spécialisation des productions et la mise en place de nouvelles méthodes de travail. Petit à petit, les éleveurs de porcs disposent d’outils permettant un pilotage technique et économique de leurs élevages : il s’agit d’établir un ensemble d’indicateurs de performance, à l’aide des outils de la zootechnie et de la gestion. Ainsi naissent la GTTT puis la GTE. En 1989, les données de ces outils sont standardisées et fournissent une base de données aux organisations professionnelles. C’est alors qu’une revue - Porc Magazine - transforme cet observatoire en concours public : « le prix des Cochons d’Or », qui depuis désigne, selon la revue, « les meilleurs éleveurs de France ». Dans ce contexte, en nous appuyant sur des entretiens avec des éleveurs des Côtes d’Armor, nous nous interrogeons sur l’influence de ces modèles du bon travail sur le métier d’éleveur de porcs. Si l’existence de tels modèles tend à homogénéiser ce que les éleveurs considèrent comme des manières de bien travailler, elle contribue également à nourrir les distinctions sociales au sein de leur métier.