La grande majorité des virus de plante utilise un vecteur pour passer d’un hôte à un autre, et les pucerons sont de loin les vecteurs qui transmettent le plus de virus. La transmission non- circulante est la stratégie majoritaire : les virus acquis sur une plante infectée ne sont pas internalisés dans l’organisme de l’insecte vecteur, mais sont retenus au niveau de ses pièces buccales, d’où ils pourront être relargués lors de nouvelles piqûres, initiant ainsi l’infection de nouvelles plantes hôte. Nous avons utilisé le modèle Cauliflower mosaic virus (CaMV)-puceron pour caractériser les sites d’attachement d’un virus non-circulant dans les stylets de son insecte vecteur. Nous avons développé un système d’interaction in vitro, sur les stylets du puceron disséqué, qui nous a permis d’y localiser précisément les protéines cuticulaires que le CaMV utilise comme des récepteurs spécifiques. Les sites d’attachement du CaMV sont très concentrés et restreints à une petite zone, non décrite jusque là, qui tapisse le fond du canal commun (alimentaire/salivaire) située à l’extrême pointe des stylets maxillaires1. Des études sont en cours pour identifier les molécules réceptrices du CaMV, et nous présenterons des données préliminaires qui indiquent que des protéines cuticulaires à motif R&R seraient présentes au niveau cette zone. L’utilisation de la microscopie électronique et de la microscopie à balayage nous a permis de mettre en évidence une ultra-structure singulière, présente dans le fond du canal commun, qui correspond parfaitement à la zone d’accrochage du CaMV, et qui n’avait jamais été mise à jour par les travaux antérieurs d’anatomie. Nous discuterons des fonctions putatives de cet « organe » très intrigant qui semble présent chez toutes les espèces de pucerons testées (y compris une espèce non-vectrice du CaMV) et à tous les stades du développement.