Les titulaires d'un doctorat rencontrent des difficultés croissantes dans leur insertion professionnelle. Pour Stephan et Levin, cette situation fragilise le contrat implicite de coopération scientifique entre les doctorants et l'équipe de recherche dans laquelle ils évoluent, et risque d'affecter le dynamisme de la production scientifique. L'intérêt de ces conclusions, établies sur le cas des docteurs en sciences du vivant aux Etats-Unis, invite à s'interroger sur la pertinence du modèle et de ses hypothèses dans d'autres disciplines et dans le contexte français. Trois hypothèses sont ainsi testées à partir d'enquêtes réalisées sur l'insertion professionnelle de docteurs en sciences sociales et en sciences pour l'ingénieur, qui conduisent à poser les questions suivantes. A l'issue du DEA, les étudiants disposent-ils des informations nécessaires au choix du cadre de thèse qui leur permettra d'exprimer au mieux leurs capacités de chercheurs ? Plus largement, les conditions de réalisation de la thèse sont-elles les mêmes pour tous les doctorants ? L'hétérogénéité de ces conditions de travail n'a-t-elle pas une influence prépondérante sur la trajectoire professionnelle du docteur, compte tenu de la diversité des employeurs et de leurs préférences ? Si l'analyse révèle une inadéquation des hypothèses du modèle américain aux enquêtes qui ont été réalisées, elle permet également de tirer différentes conclusions sur le système français de formation par la recherche.