Déterminants de l’adoption du compost en Guadeloupe
Résumé
Contexte
● Le Plan de Prévention et de Gestion des Déchets Non Dangereux élaboré en Guadeloupe a souligné la nécessité de promouvoir le compostage d’une partie des déchets organiques, afin d’en faire des intrants agricoles sûrs et efficaces au niveau du territoire.
● La dose moyenne de compost utilisée en Guadeloupe est actuellement de seulement 1 tonne/an par ha agricole (en dehors du pâturage), et il apparaît donc que la pratique n'est pas suffisamment répandue et intensive pour assurer un développement adéquat de la filière de compostage, et un effet significatif sur les sols et les cultures, à l'échelle du territoire.
Objectif
● L'objectif de cette étude a été d'effectuer un diagnostic sur les perceptions, les motivations et les contraintes des agriculteurs vis-à-vis de l'utilisation des composts dans leurs exploitations.
Méthodologie
● Nous avons enquêté 520 agriculteurs, 279 en Grande-Terre et 241 en Basse-Terre, couvrant presque toute la gamme des spéculations agricoles (cultures d'exportation et de diversification, élevage).
● Nous avons caractérisé le profil socio-économique (8 variables) et agronomique (6 variables) des agriculteurs.
● Un modèle d'adoption du compost a été élaboré à partir de l'information obtenue dans les enquêtes, et utilisé pour évaluer l'impact des 14 variables analysées sur l'adoption des différents types d'agriculteurs.
Résultats
● Le taux d'adoption global est de 18%, 27% en Basse-Terre et 11% en Grande-Terre. Les taux les plus forts correspondent aux planteurs de banane (54%) et aux maraîchers (33%) ; le taux le plus faible a été observé chez les canniers (5%).
● Les contraintes principales exprimées de l'utilisation du compost sont : pénibilité à cause de la faible disponibilité des épandeurs (43% des agriculteurs), coût élevé de la pratique (32%) et manque d'information sur les composts (24%). 64% des adoptants appliquent le compost manuellement ; 22% fabriquent leur propre compost à la ferme.
● La perception des contraintes est similaire pour les adoptants et les non adoptants du compost. Cela implique que la décision d'adopter/non adopter n'est pas uniquement liée aux contraintes.
● Les calculs réalisés avec le modèle indiquent que les variables socio-économiques représentent 51% de l'impact sur le taux d'adoption, notamment le niveau d'éducation et d'expérience agricole, l'accès à l'information sur les composts et l'appartenance à une organisation professionnelle.
● Alors que la banane, le maraîchage et les cultures à tubercule ont un impact positif sur l'adoption, la canne à sucre et l'élevage l'affectent négativement.
● L'optimisation des variables socio-économiques amènerait le taux d'adoption à 37%. Ce taux d'adoption ne suffirait pas à couvrir les besoins en matière organique des sols guadeloupéens soumis au réchauffement climatique.
Conclusions
● Afin de promouvoir et pérenniser la pratique de la fertilisation organique, le niveau d'information sur la valeur agronomique des composts doit être amélioré, notamment sur la valeur fertilisante dans le cas des canniers. Cela devrait permettre d'élargir le profil actuel des adoptants.
● La logistique du transport et de l'épandage du compost devrait être plus efficace pour réduire à la fois le coût de la pratique et sa pénibilité.
● Les MAEC destinées à promouvoir l'utilisation du compost devraient être déclinées par filière agricole afin de tenir compte de la diversité socio-économique, d'organisation et d'objectifs agronomiques des agriculteurs.
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