Précarité alimentaire : quel rôle pour le travail social ?
Résumé
L’alimentation est un marqueur de pauvreté, largement invisible et rendant compte de façon forte des rapports de domination contemporains : une politique sociale construite depuis le milieu des années 1980, adossée à un système alimentaire productiviste dont les caractéristiques sont à la fois une industrie agroalimentaire puissante basée sur les énergies fossiles et une production de masse d’aliments à bas coûts. Dans ces conditions, une partie de la population, à petit budget, est assignée à manger ses surplus et ses invendus, ou les produits alimentaires les moins chers dont on connait aujourd’hui les conséquences sur la santé. Dans le cadre des États Généraux de l’Alimentation de 2017, il y avait un atelier concernant la précarité alimentaire. Il y fut question d’amélioration de la qualité de l’aide alimentaire mais il y fut aussi question d’accès à une alimentation digne et durable sans recours à celle-ci. Les interventions des quelques personnes utilisant cette aide ont été fort claires : remise en cause des conditions dans lesquelles sont octroyées ces aides, remise en cause des formes d’accompagnement comme contre-partie de l’accès à ces aides. Ce n° 153 de FORUM espère contribuer au renouveau de la place de l’alimentation dans les missions du travail social : comment les travailleurs sociaux peuvent-ils se réapproprier cette question en la resituant dans les enjeux démocratiques, déconstruisant les présupposés habituels sur la précarité alimentaire et surtout, resituant cette question dans les enjeux de la transition écologique.