Les jardins collectifs urbains, caractérisés par leur multifonctionnalité, sont aujourd’hui en essor dans les villes des pays du nord. Leurs fonctions multiples, agricole, alimentaire, de lien social, de nature, entrent en résonance avec les motivations des différents publics qui les cultivent. Ces jardins peuvent ainsi être considérés comme des espaces concrets où s’opèrent des microépisodes de la vie quotidienne. Ils s’y développent des innovations de l’ordinaire, des innovations banales sous-tendues par une capacité collective de mise en oeuvre de nouvelles connaissances et de nouvelles pratiques que les jardiniers se sont appropriés et qu’ils mettent en apprentissage. Dans le concept d’innovation ordinaire, les cultures et pratiques du passé sont redynamisées : l’érosion des formes traditionnelles d’organisation laisse place à de nouvelles formes d’investissement, où les individus échangent dans un souci d’efficacité et de faire société. Au travers de la présentation d’un ensemble de travaux réalisés pour la plupart dans des jardins collectifs de Montpellier ou de son aire urbaine, et portant sur les motivations et les pratiques agronomiques des jardiniers, les formes spatiales des jardins et leurs modes de gouvernance, cet article s’attache à présenter en quoi les innovations observées dans les jardins collectifs relèvent de l’innovation ordinaire.