Dans un environnement mondial de mutations majeures, l’intelligence collective des sociétés autour de la coopération est-elle à la hauteur des enjeux ? Cette problématique émane de deux cas d’intervention, dans une banque centrale et un institut de recherche, où économistes ou chercheurs expérimentent dans des mondes très hiérarchisés un fonctionnement en réseau avec de nouvelles parties prenantes, entraînant des transformations culturelles. Nous développerons comment refaire émerger de la coopération s’avère clé dans des situations ne satisfaisant ni la hiérarchie ni des scientifiques « de base ». Nous contextualisons ici le cas d’intervention dans la recherche où la collaboration entre pairs fait partie de l’identité professionnelle mais où la coopération s’avère à la peine dans des champs disciplinaires parcourus d’incertitudes. Coopération obligée entre scientifiques de base et hiérarchie locale, ou désirée avec d’autres disciplines ou sphères sociales –édition, profession agricole - : c’est en redonnant sens à cette réciprocité élargie qui caractérise la coopération que des solutions pragmatiques et durables peuvent être mises en œuvre. Ce mouvement contribue à l’enjeu d’innover des sociétés contemporaines. Il révèle des tensions, de l’individualisme roi alors que la coopération conduit chacun à ajuster sa liberté à celle de l’autre et de l’injonction d’innover des sphères stratégiques venant heurter des fonctionnements traditionnels.