Dans les prochaines années, le prélèvement forestier, notamment dans les chênaies, va être intensifié. Cette intensification se traduit par une augmentation du rayonnement perçu par les jeunes chênes (Quercus petraea (Matt.) Liebl.) et les espèces de sous-bois dont la molinie bleue (Molinia caerulea (L.) Moench). La compétition pour l’accès aux ressources du sol dont l’azote minéral, jouerait un rôle dans l’établissement du rapport de dominance entre le jeune chêne et la molinie bleue. L’objectif de cette étude a été de tester cette hypothèse lors de la phase précoce de régénération en conditions semi-contrôlées. Des chênes âgés de 2 ans ont été plantés dans des pots, seuls ou en association de la molinie bleue, sous 2 niveaux de rayonnement en serre (11% et 55% de rayonnement incident photosynthétiquement actifs (PAR)). Des mesures de photosynthèse et l’apport de K15NO3 dans le sol ont permis de suivre la captation du carbone et l’absorption de l’azote par les deux espèces ainsi que le partage et l’allocation de l’azote in planta, sans stress hydrique. La différence de croissance observée est expliquée par le niveau de rayonnement reçu. La présence de la molinie bleue n’a pas d’effet significatif sur la croissance du chêne à court terme. Fonctionnellement, chez la molinie bleue, l’absorption de l’azote minéral et les capacités photosynthétiques sont plus importantes avec 55% de PAR. L’absorption d’azote par le chêne mélangé à la molinie bleue varie peu, indépendamment du rayonnement. La photosynthèse, elle, diminue fortement en présence de molinie bleue. Enfin, il est montré une corrélation entre capacités photosynthétiques et azote nouvellement absorbé du sol. En conclusion, la présence de molinie diminuerait les capacités photosynthétiques grâce à une captation plus importante de l’azote minéral du sol au détriment du jeune chêne lors de la reprise de croissance, lorsque le rayonnement perçu est non limitant.