Diversification des cultures dans l’agriculture française état des lieux et dispositifs d’accompagnement
Résumé
La diversification des cultures dans l’agriculture française est l’un des principaux leviers mis en avant par l’étude Ecophyto R&D de l’INRA pour répondre à l’objectif, fixé par le Grenelle de l’environnement, de réduire l’usage des pesticides « de 50 % en dix ans ». Cette diversification doit s’organiser dans l’espace et dans le temps, sur la base de l’assolement et de la rotation des cultures. Les indicateurs permettant de mesurer cette diversité sont conçus pour en représenter les différentes dimensions : le nombre d’espèces cultivées, la répartition homogène ou dominance relative des cultures à l’échelle de l’exploitation ou d’une petite région agricole… La France se caractérise par une sole cultivée dominée par les céréales (59 %), maïs compris, et les prairies temporaires (19 %). Les spécialisations régionales accentuent nettement ce phénomène. Le même constat est effectué à l’échelle des exploitations agricoles : plus de la moitié d’entre elles possèdent un assolement constitué de moins de 4 cultures différentes. De plus, les exploitations présentant au moins 4 cultures sont largement dominées par deux ou trois cultures. Près de 8 000 séquences de cultures différentes ont été reconstituées sur la période 2006-2009 en France. Elles apparaissent extrêmement diversifiées. Toutefois, l’analyse du poids relatif de ces séquences montre que seulement 250 séquences de cultures permettent de décrire plus de 50 % de la sole cultivée française. Les spécialisations régionales accentuent nettement ce phénomène d’uniformisation du paysage agricole puisque jusqu’à seulement 2-3 séquences de cultures suffisent à expliquer plus de la moitié de la sole cultivée de certaines régions. La rotation blé tendre / orge / colza et le maïs en monoculture dominent largement. Dans le cadre de la politique agricole commune (PAC), différents dispositifs permettent d’accompagner la diversification des cultures. Les outils du 1er pilier de la PAC se limitent à une approche spatiale et annuelle. Seule la mesure agroenvironnementale rotationnelle (MAER) dans le cadre du 2nd pilier, intègre la dimension pluriannuelle de la diversification des cultures en interdisant, notamment, le retour d’une même culture deux années de suite sur une même parcelle. Pour la réforme de la PAC 2014-2020, le projet de la Commission européenne (en date d’octobre 2011) introduit un paiement en faveur des pratiques agricoles bénéfiques pour le climat et l’environnement dans le 1er pilier. Ce «verdissement» intègre un critère de diversification des cultures. Une première analyse montre que plus de 75 % des exploitations françaises respectent ce critère sans aucun changement nécessaire sur leurs exploitations. L’impact de certaines modifications du critère est évalué dans le document. Le rehaussement de 3 à 12 hectares du seuil de surface en dessous duquel le respect du critère n'est pas imposé et l’application du taux maximum de 70 % de la sole cultivée aux seules cultures annuelles et non pas aux prairies, permet à 30 000 exploitations supplémentaires de respecter le critère modifié. En complément, un critère progressif est analysé : le nombre de cultures exigé est remonté à 4 cultures différentes, mais il diminue lorsque la part des prairies temporaires dans la sole cultivée augmente. Ce sont alors seulement 16 % des exploitations qui ne répondent pas au critère. Le progrès technico-économique permettant à ces exploitations de répondre au critère n’a pas été évalué ici. Le dispositif proposé par la Commission européenne reste dans une approche spatiale et annuelle. Il conviendra d’intégrer la dimension temporelle de la diversification des cultures dans le cadre du second pilier. D’autres instruments permettant la structuration et la pérennisation des filières de diversification seront à mobiliser. Ces dispositifs devront s’adapter aux spécificités régionales qui nécessitent une approche plus fine pour mieux dimensionner l’appui à la diversification.