En Guadeloupe, de l'avis des professionnels les récentes crises de santé animale et de sécurité alimentaire ont eu pour conséquence un accroissement notable de la demande de viande produite localement. Cette dernière jouit d'une image marquée d'authenticité, d'innocuité, de traçabilité certainement nourrie par la proximité spatiale et culturelle existant dans ce petit territoire insulaire encore fortement rural. Il est vrai que, le plus souvent en opposition avec la politique de développement de l'élevage promouvant des techniques intensives conventionnelles, ont perduré de manière majoritaire des modes d'élevage de ruminants inspirés de l'économie de plantation, en particulier des animaux conduits à l'attache sur prairie naturelle avec rarement, des apports minimes d'aliment concentré. L'élevage s'inscrit dans des exploitations souvent très diversifiées et les agriculteurs sont en majorité pluriactifs. De la même manière, la pratique de l'abattage/vente à la ferme reste significative malgré l'essor de la grande distribution, et la législation en vigueur. Les filières bovine et caprine se caractérisent ainsi par la coexistence d'une diversité de systèmes d'élevage, de stratégies productives résultant d'un dosage variable entre objectifs de revenu et objectifs patrimoniaux, et de modes de commercialisation et de consommation. Une garantie d'efficacité de l'intervention du Centre INRA Antilles-Guyane passe par une meilleure connaissance de ce milieu, tant pour les zootechniciens qui souhaitent contribuer au développement des filières de ruminants en Guadeloupe par les innovations techniques qu'ils proposent, que pour les agroéconomistes qui modélisent la prise de décision des exploitants agricoles dans une perspective d'aide à la décision publique pour l'agriculture locale. L'étude des systèmes d'élevage dont les résultats sont exposés, constitue un premier niveau d'investigation pour cette collaboration au sein du Centre. La description des systèmes d'élevages de ruminants identifiés débouche sur la proposition d'hypothèses sur les déterminants de leur adoption par les producteurs (prise en compte du système global d'activités), sur leurs conditions d'existence, et leur évolution possible face au récent renforcement de l'application des exigences réglementaires françaises et européennes. En effet, la prohibition de certaines pratiques traditionnelles ou l'accroissement des coûts de gestion que cette évolution implique ne devraient pas manquer de bouleverser les choix productifs voire les manières de produire actuelles des éleveurs de ruminants.