Le texte constitue un des chapitres de l'expertise collective, réalisée par l'Inra et le Cemagref à la demande des ministères chargés de l'Agriculture et de l'Ecologie, sur les conditions d'utilisation des pesticides en agriculture, les moyens d'en réduire l'emploi et d'en limiter les impacts environnementaux. Il établit une synthèse des travaux menés sur les pesticides, par les économistes depuis la fin des années 60. Cette synthèse met principalement en évidence que les agriculteurs sont "dépendants" de l'utilisation des pesticides dans la mesure où la maîtrise du risque phytosanitaire est un élément crucial des systèmes de production conventionnels. Cependant, cette dépendance est plus importante à court terme qu'à long terme : l'élasticité-prix de la demande de pesticides est nettement supérieure à long terme. Le recours à des alternatives à la lutte chimique, aux pratiques culturales conventionnelles ou aux systèmes culturaux conventionnels est peu fréquent. En effet, les techniques à bas niveaux d'intrants chimiques ne sont pas sensiblement plus rentables que les pratiques de production conventionnelle, en Europe tout au moins, et sont beaucoup plus complexes à mettre en oeuvre. Ce résultat fonde l'intérêt des mesures d'incitation économique, telles que la taxation des pesticides, pour réduire l'utilisation de ceux-ci par les agriculteurs. Ce chapitre débouche sur une série de recommandations pour dresser les contours d'une politique efficace à l'échelle d'un pays comme la France. Notamment, il recommande d'utiliser une combinaison d'instruments de régulation (normes, taxes, subventions...).