L'érosion est un phénomène de déplacement des matériaux à la surface du sol sous l'action de l'eau, du vent, de l'homme ou simplement de la gravité. Elle causerait annuellement une perte de 25 milliards de tonnes de sol (Brown et Wolf, 1984). L'érosion hydrique des sols agricoles des régions tempérés qui sera principalement traitée ici, recouvre des processus très différents selon que l'eau se présente sous forme de gouttes de pluie, de nappes ruisselantes ou de courants concentrés dans des chenaux. L'érosion limite la disponibilité en terres cultivables (chapitre 35). Elle contribue à la dégradation des terres et des eaux : abrasion progressive de la couverture pédologique, diminution de la fertilité des terres, entraînement des polluants véhiculés par les fractions colloïdales et particules de terre, en particulier phosphore, pesticides, métaux, ... C'est un problème étudié depuis longtemps dans les régions tropicales, méditerranéennes ou de montagne, caractérisées, soit par l'agressivité de leur climat, soit par leurs fortes pentes, soit par des couverts végétaux à faible recouvrement du sol (vignobles, vergers, ...) ou dégradés (désertification, défrichement, ...) (Roose, 1996). L'érosion hydrique des sols a été étudiée, depuis les années 1980, dans les régions tempérées et de grandes cultures du Nord-Ouest de l'Europe où les pentes sont douces, quelques pourcents, et où les pluies sont d'importance et d'intensité relativement modérées. Dans ce contexte peu agressif, les processus d'érosion ont fait l'objet, d'une attention plus grande, du fait de manifestations d'érosion de plus en plus préoccupantes liées pour partie à la nature des sols et à l'intensification agricole telle que : remembrement du parcellaire, régression des prairies, mécanisation, qui peuvent conduire à l'apparition d'une croûte de battance et d'un tassement des sols (Monnier et al., 1986; Le Bissonnais et al., 2002). Ainsi, l'état de la surface du sol, interface par excellence, joue un rôle majeur dans la genèse des processus de ruissellement et d'érosion hydrique (Papy et Douyer, 1991).