Taste protocols. A positive sociology of music lovers
Les protocoles du goût, une sociologie positive des grands amateurs de musique
Abstract
L'enquête rapportée dans cet article a tenté de redonner la parole à cette expression de l'amateurisme. Elle en montre l'importance, comme technique sociale de rapport à soi, aux autres et au monde. L'analyse débouche ainsi plus généralement sur la possibilité de mieux comprendre les modalités hétérogènes de nos attachements. Par le terme de pratique, nous voulions souligner pour conclure le caractère actif et performatif du goût pour la musique mais relever aussi qu'un tel caractère réflexif est aussi une des contraintes fortes pesant sur une telle redéfinition de la sociologie du goût. C'est que, précisément, les modalités pratiques de composition et de réalisation en situation de l'amour de musique, ou d'autres attachements comme le goût pour le bon vin ou la pratique régulière d'un sport, ne sont pas externes à l'activité décrite mais sont l'enjeu continu d'un intense travail réflexif des amateurs eux-mêmes, qui n'arrêtent pas de s'interroger collectivement sur ce qu'il faut faire ou non, sur ce qui se passe, sur ce que chacun éprouve ou recherche, sur ce qui différencie et ce qui est commun. Le sociologue n'a d'autre moyen pour y avoir accès que d'accompagner de façon réflexive l'activité réflexive des amateurs ! La formule n'est pas légère, tant pour le verbe que pour l'acte, mais il n'y a pas d'autre issue : les premiers sociologues du goût sont les amateurs eux-mêmes.
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