Ce texte qui s'inscrit dans une optique évolutionniste de la firme et du changement technique se propose d'analyser le rôle des routines et de leur changement sur la dynamique innovante des firmes. Dans une première partie, on montre que l'approche évolutionniste permet de renouveler le paradigme standard en considérant le processus d'innovation comme un processus d'apprentissage et la firme comme un lieu de production de connaissances et de compétences. Le concept central de routines permet d'intégrer la production et mémorisation des connaissances aux activités de production et d'innovation, il est défini ici en référence aux travaux évolutionnistes, mais également aux travaux plus anciens des économistes institutionnalistes américains. Ceux-ci permettent en effet d'enrichir la perspective des routines en les considérant comme des règles d'action et de décision, issues d'une construction collective d'individus interdépendants. Les routines peuvent ainsi être envisagées non comme un frein mais comme un support de la production et de l'innovation. Support, en premier lieu, parce que les routines constituent des compétences organisationnelles acquises au cours des expérimentations passées, et intégrant par conséquent des savoirs et des savoir-faire ("les leçons du passé") fort utiles pour concevoir, fabriquer, commercialiser, améliorer de nouveaux produits et procédés. Support, en second lieu, car la mise à l'épreuve des routines est un facteur primordial de perception de nouveaux problèmes, dont la résolution peut aboutir à une modification dans la manière d'élaborer et de gérer les technologies.