[Can European chemical corporation take over American biotechnologies ?]
Les groupes chimiques européens peuvent-ils acheter les biotechnologies américaines ?
Résumé
Les années 1990 devraient être celles de la maturité des biotechnologies. Or, malgré des positions centrales dans la chimie, les firmes européennes ont pris un retard considérable dans le développement des biotechnologies. Cette situation est d'autant plus inquiétante que, contrairement aux Etats-Unis, l'Europe n'a pas assisté à une vague de création d'entreprises spécialisées dans les biotechnologies : on compte environ 100 créations en Europe contre 700 aux Etats-Unis. Partant d'un débat classique sur l'impact de la recherche de base, l'auteur montre que la nature et le statut des outputs de la recherche dépendent aussi des structures qui les produisent. La spécificité des connaissances et l'appropriabilité des innovations apparaissent alors non plus comme des données exogènes, mais comme des variables internes partiellement soumises au jeu des acteurs. Dans ce cadre, l'investissement dans des relations spécifiques, la construction de réseaux sont des éléments essentiels de la stratégie d'innovation. La création de la technologie ne se produit donc pas dans un espace amorphe, mais elle a lieu dans les réseaux "locaux" construits par les acteurs. On peut alors tenter de montrer que les réseaux sont une forme particulièrement efficace de résolution de la contradiction entre intérêt collectif et intérêt individuel car ils rapprochent les acteurs tout en les éloignant par le caractère spécifique des ressources produites.