Les travaux classiques sur la stabilisation des marchés agricoles supposent en général que l'origine des perturbations (par exemple les aléas climatiques) est exogène ; dans ces conditions, un élargissement des marchés locaux en un seul marché mondial est de nature à stabiliser les prix par le jeu de la loi des grands nombres. Il n'en est pas de même si les fluctuations sont générées par des mécanismes internes au marché, par exemple un cobweb non linéaire chaotique. Dans ce cas, en effet, les perturbations s'autogénèrent, et l'élargissement du marché n'aura d'autres conséquences que d'en augmenter l'ampleur. Il faut donc trouver autre chose que le simple élargissement pour le stabiliser. De nombreuses simulations sont conduites avec diverses variantes d'un générateur de séries chaotiques, montrant comment ni l'élargissement des marchés, ni le stockage, ne sont des solutions au problème des fluctuations endogènes. Toutefois, une stabilisation par stockage/déstockage avec des bandes de fluctuation des prix assez larges serait peut-être suffisante pour assurer la convergence du marché dans de nombreuses situations plausibles. On confirme au passage un résultat déjà suggéré par Laroque et Deaton, dans un contexte complètement différent, sur le fait que la stabilisation par stockage/déstockage est susceptible de produire un petit nombre de fluctuations de très grande ampleur à intervalles très éloignés.